“Dans le refuge, à l’ouest, le chef terroriste, qui retenait Suzanne et Samia en otages dans son harem, entra dans une colère noire. Il envoya son téléphone cellulaire se fracasser contre le tronc d’un pin d’Alep, à la bordure de la petite clairière. Djamel Zitouni, l’autre chef terroriste autoproclamé émir national à qui il avait envoyé deux émissaires depuis trois jours de ne pas toucher aux moines de Tibehirine, venait de l’informer en personne qu’il avait enlevé les sept moines du monastère (…)”, peut-on lire dans le nouvel ouvrage de Salah Chekirou L’Otage (éditions Belle Feuille). C’était l’époque où les groupes islamistes faisaient parler la poudre et le sabre, de l’Ouarsenis aux confins de Collo, en passant par la Chiffa et les maquis de la Kabylie.
Au début des années 90, les jeunes filles montréalaises se targuaient d’avoir un “chum” (copain) outre-Atlantique. Grâce à internet, Suzanne, une jeune infirmière québécoise, arrive à Alger sans connaître la réalité sécuritaire du pays. Suzanne trouve un pays en proie à une violence inouïe. Les hordes terroristes semaient mort et désolation dans les villes et les mechtas. Elle est enlevée par un groupe terroriste.
Elle sera séquestrée durant 25 longs mois. “On m’a battue, torturée, violée, exploitée au point de me réduire à une loque humaine”, se remémore-t-elle. Parsemé d’intrigues, ce nouveau roman de Salah Chekirou nous replonge dans l’enfer des maquis terroristes de la décennie noire. Des personnages de triste mémoire défilent dans les pages de l’ouvrage, comme pour nous rappeler leur “rêve insensé” qui a failli sombrer le pays, État et nation, dans les abysses du Moyen Âge. Écrit dans un style narratif, entrecoupé de dialogues qui donnent une assise à la trame romanesque, L’Otage se lit d’un trait, captivant son lecteur d’entrée de jeu.
Sorti aux éditions Belle Feuille, L’Otage a été présenté samedi dernier au cours d’une conférence de presse à Montréal. L’auteur explique que son œuvre se veut un hommage aux combats des femmes d’ici et d’ailleurs, comme il est mentionné en quatrième de couverture. “Ce roman rappelle une époque douloureuse, mais nous renseigne aussi sur des liens déjà étroits entre l’Algérie et le Québec”, a déclaré M. Chekirou lors de la conférence. Établi au Québec depuis six ans, M. Chekirou, qui a plusieurs œuvres à son actif, notamment l’ouvrage Le Grain de Sable sur l’assassinat du président Mohamed Boudiaf, ou encore le récit Le Tycoon et l’Empire des Sables, inspiré de l’affaire Khalifa. L’auteur participera avec son nouvel ouvrage au Salon du livre de Rouyn-Noranda en mai prochain et au Salon international du livre de Montréal en novembre prochain.