Pas besoin de s’endetter !

Pas besoin de s’endetter !

Une délégation du FMI en visite depuis une semaine à Alger estime que l’Algérie n’a pas besoin d’argent, coupant ainsi court à des rumeurs maintes fois ressassées et selon lesquelles notre pays serait « condamné » à recourir aux emprunts internationaux.

Le FMI reconnait donc à l’Algérie une bonne santé financière, tout en louant la décision souveraine d’Alger, sous l’impulsion du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, d’avoir remboursé sa dette extérieure par anticipation. « L’Algérie n’a pas besoin d’argent.



Nous sommes ici pour offrir l’assistance et les conseils d’ordre technique et économique du FMI », relève le directeur adjoint du département Moyen-Orient et Asie centrale au Fonds monétaire international, M. Adnan Mazarei dans un entretien à l’APS.

Cependant l’expert, tenant à rappeler la « conjoncture difficile » subie par les pays pétroliers, estime que l’Algérie devra retrouvera ses équilibres « grâce, non seulement à ses atouts, mais aussi à la volonté des autorités nationales de diversifier l’économie ».

« Durant mon séjour, j’ai rencontré plusieurs responsables algériens, en particulier le gouverneur de la Banque centrale et le ministre des Finances (…). Les autorités prennent (la situation économique) au sérieux », note M. Mazarei en affirmant la disponibilité du FMI à soutenir l’Algérie dans sa démarche de transition économique. « Mais c’est aux autorités algériennes, qui connaissent mieux leur pays, d’établir une stratégie appropriée », a tenu à préciser l’envoyé de Christine Largarde à Alger.

De son côté, M. Jean-François Dauphin, autre responsable de la division Mo yen-Orient et Asie centrale du FMI qui accompagne M. Mazarei à Alger, estime que le défi actuel de l’Algérie est de voir restaurer les équilibres macro-économiques et revisiter le modèle de croissance.

Il est question pour ce faire de réduire la dépendance de l’Algérie du secteur énergétique et de la dépense publique. « Il faut passer à une croissance plus diversifiée et tirée davantage par le secteur privé », estime M. Dauphin, interrogé lui aussi par l’APS. L’expert du FMI suggère à l’Algérie d’accélérer la mise en œuvre des réformes pour changer son modèle économique.

Pour M. Dauphin, la résilience de l’Algérie résulte « des politiques menées auparavant qui ont permis au pays de cumuler des marges de manœuvre importantes sous forme notamment de réserves de change, d’épargne budgétaire et aussi du remboursement anticipé de sa dette extérieure ».

Ces marges de manœuvre permettent ainsi à l’Algérie de faire une transition « en douceur » face à ce choc extérieur, affirme-t-il en observant que la croissance économique « a relativement résisté jusqu’à maintenant ».

Plaidant pour un secteur privé dominant, M. Dauphin propose à l’Algérie d’engager des réformes structurelles sur différents fronts : Améliorer le climat des affaires, simplifier les procédures administratives, faciliter l’acte d’investir, de créer et de gérer une entreprise et accéder aux financements notamment pour les PME.

« Il s’agit d’améliorer la gouvernance des entreprises et les conditions de concurrence, de s’ouvrir plus sur l’investissement étranger et de développer un système d’éducation et de formation professionnelle qui répond aux besoins des entreprises », poursuit-il. Et d’insister : « Il est important, pour l’Algérie, de lancer le plus tôt possible ces réformes et d’encourager le secteur privé ».

Pour un meilleur ciblage des subventions

Questionné sur les dispositifs mis en place récemment pour drainer davantage l’épargne nationale, M. Dauphin salue cette démarche de l’Etat visant à diversifier ses sources de financement en se tournant notamment vers le marché financier afin de sortir de la dépendance du budget public : « Cette orientation est la bonne », répond M. Dauphin. Interrogés également sur les subventions, les deux responsables du FMI saluent la démarche de l’Algérie qui vise un meilleur ciblage des subventions à travers les mesures prises dans la Loi de finance 2016 en augmentant les prix d’électricité et du gaz mais en fonction du niveau de consommation.

« Cette démarche est effectivement la bonne puisque les prix ont été augmentés pour les tranches (de consommation) supérieures sans toucher celles les plus basses.

Ce qui permet de protéger les populations vulnérables et qui consomment moins d’énergie », soutient M. Dauphin. Selon ce représentant qui s’appuie sur une étude réalisée récemment par le FMI, les subventions énergétiques en Algérie sont mal réparties : 20% de la population la plus riche en bénéficient six fois plus que les 20% de la population la plus pauvre.

D’où la nécessité, selon lui, de redistribuer ces transferts dans le sens inverse à même de permettre à l’Algérie d’économiser des sommes importantes qu’elle pourra investir dans le développement économique et social.