Passage en force

Passage en force

Les députés ont achevé mercredi les débats, en plénière, du projet de loi de finances 2016. C’est tout un paquet d’amendements qui sont proposés à la commission des finances, afin de l’amener à infléchir, un tant soit peu, la rigueur antisociale qui caractérise le texte dans sa tonalité globale.

Mais il y a très peu de chances de voir la commission, prise entre le marteau et l’enclume, suivre les députés dans leurs propositions. Certainement, et c’est le jeu classique du bureau de l’Assemblée pour laisser croire que la plénière a son mot à dire, des concessions anecdotiques seront faites. Mais le projet, dans sa globalité, passera ; c’est inévitable, y compris le fameux article 71, objet d’un tir croisé de tous les côtés de l’hémicycle.

C’est que le gouvernement, acculé par la contraction des capacités financières du pays, n’a d’autre choix que d’acter sa politique d’austérité, même si tous les ministres, à commencer par le premier d’entre eux, préfèrent parler encore de “rigueur”. Comme si la problématique se réduisait à une divergence sur la sémantique. Certainement pas !

Car à écouter Mme Hanoune, ce projet contient pire que l’austérité dont on perçoit déjà les premiers effets, à travers l’emballement par anticipation de certains prix à la consommation. Ne se limitant pas à employer des mots, pourtant, forts, comme “antinational”, “antisocial”, la patronne du PT, tout en dénonçant les pressions exercées sur les députés, parle, en outre, de “haute trahison”, de “risque de somalisation” du pays.

Pour elle, les dispositions censées favoriser l’ouverture de l’économie, l’afflux des capitaux étrangers et tutti canti sont juste des artifices pour mieux asseoir l’appropriation du pays par la nouvelle caste des oligarques. Elle cible en particulier le ministre de l’Industrie qu’elle soupçonne d’être au service des intérêts de la France. Un gouvernement acculé, des députés, vent debout, contre ce projet, y compris ceux de la majorité. Reste alors l’arbitrage du président de la République. Ce sera l’occasion pour lui d’exécrer son pouvoir. De rassurer surtout madame Hanoune et ses amis dans le groupe des “19-4” que c’est bien lui qui décide.