Elle revient au-devant des interrogations majeures la fameuse question qui a alimenté bien des débats à la fin des années 1990, lorsque se posait, avec une hantise certaine pour des pays hautement concernés, le sujet de l’épuisement des ressources que l’on prédisait proche, particulièrement s’agissant du gaz et du pétrole.
La fin du pétrole, un sujet dont les Algériens connaissent un bout, et le devenir des grosses compagnies qui en vivent exclusivement, deux thèmes qui datent, ont été de nouveau remis sur la table pas plus tard qu’il y a trois jours par l’entremise d’une intervention de Claudio Descalzi, le patron du groupe italien d’hydrocarbures Eni, dans un entretien accordé au vieux quotidien traitant de l’information économique Il Sole 24 Ore.
Un entretien qui n’est pas passé inaperçu du fait de la qualité de l’invité du vieux journal italien et des thèmes abordés, Descalzi ayant saisi au vol l’occasion qui lui a été offerte pour, d’une part, assurer qu’il est «complètement calme» pour les enquêtes internationales le concernant sur la corruption en Algérie et au Nigeria, et d’autre part, un entretien à travers lequel il a voulu donner de la consistance à l’idée selon laquelle «les déchets sont l’huile du futur» pour étayer son plaidoyer pour l’implication du groupe qu’il dirige dans d’autres créneaux que le pétrole et le gaz et, par ricochet, étaler sa conviction que les sociétés exerçant uniquement dans le domaine du gaz et du pétrole n’avaient pas d’avenir «à moyen et long terme».
En effet, à la question «Existe-t-il un avenir pour une entreprise basée uniquement sur le pétrole et le gaz ?», le patron d’Eni a été on ne plus direct en affirmant : «A moyen terme, je pense que non. La diversification dans les énergies renouvelables et l’économie circulaire est fondamentale», pour, ensuite, assurer que le groupe qu’il dirige sera, dans une vingtaine d’années, «très différent», c’est-à-dire avec moins de pétrole et de gaz, et plus d’économie circulaire ; ce nouveau modèle économique qui entend privilégier la production des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et les gaspillages de ressources (matières premières, eau, énergie), ainsi que la production des déchets et finir par rompre avec le modèle de l’économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) et ainsi, instaurer un modèle économique dit «circulaire».
Des sujets soulevés par le grand patron italien qui, il faut le souligner, n’en détient pas la primauté, tant le futur proche de l’industrie des hydrocarbures et, partant, des compagnies qui font et défont jusqu’à la vie institutionnelle de tous les pays de par le monde, constitue une question sur laquelle se penchent depuis les années 1970 déjà des spécialistes de divers horizons. En tous les cas, c’est une incursion très remarquée de la part du patron d’Eni dans l’actualité, particulièrement fertile dans le domaine des hydrocarbures.
Actualité à laquelle n’a pas «échappé» l’Algérie eu égard à l’accueil très particulier réservé à l’adoption par le Conseil des ministres de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, et sans doute dont on n’a pas encore fini d’entendre parler, surtout que la très sensible question de l’exploitation du gaz de schiste recommence à s’imposer avec une grande acuité.
Azedine Maktour