Peine de mort confirmée pour Mohamed Morsi

Peine de mort confirmée pour Mohamed Morsi

La justice égyptienne a confirmé hier la peine de mort infligée à l’ex-président Mohamed Morsi dans un procès pour violences et évasion de prison durant la révolte de 2011, un verdict qui vient confirmer de nouveau la volonté du pouvoir d’éradiquer l’opposition islamiste.

Issu des Frères musulmans et destitué par l’armée en juillet 2013, Mohamed Morsi était jugé par un tribunal criminel du Caire pour son rôle dans des évasions massives de prison et des attaques contre la police durant la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir.

Au total, près d’une centaine de personnes, dont le guide suprême de la confrérie islamiste, Mohamed Badie, l’ex-président du Parlement Saad al-Katatni et le célèbre prédicateur islamiste Youssef al-Qaradaoui, jugé par contumace car installé au Qatar, ont été condamnés à mort.

Dans un autre procès pour espionnage devant le même tribunal, l’ex-président Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, a été condamné à la prison à vie, qui équivaut à 25 années de détention. A l’annonce des verdicts, l’ex-président, calme et souriant, a levé ses deux poings joints pour exprimer sa détermination.

Ces verdicts sont susceptibles d’appel. Mais ils représentent un nouveau clou dans le cercueil de l’opposition islamiste, cible d’une répression sanglante depuis l’éviction de Mohamed Morsi par l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui n’a jamais caché sa volonté d’éliminer les Frères musulmans, classés « organisation terroriste » par les autorités.

La confrérie a dénoncé « des verdicts grotesques », appelant à manifester vendredi « contre les peines de mort, les arrestations, les disparitions forcées (…) » et contre « le criminel fasciste Abdel Fattah al-Sissi et son gang ».

Dans un troisième procès, Mohamed Morsi avait déjà écopé en avril de 20 ans de prison pour des violences contre des manifestants durant sa courte mandature d’un an (juin 2012-juin 2013).

Après son éviction, les partisans de Morsi ont été la cible d’une sanglante répression durant laquelle au moins 1.400 manifestants islamistes ont été tués en 2013. Plus de 40.000 autres ont été arrêtés, selon Human Rights Watch. Des centaines d’entre eux ont été condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’histoire récente » du monde.

Des dizaines de ces peines ont cependant été annulées par la Cour de cassation, alors que les peines de mort sont rarement exécutées en Egypte.

Dans le procès pour évasion de prison, le tribunal a confirmé hier les peines de mort prononcées le 16 mai, après avoir consulté le mufti d’Egypte au sujet des condamnations. Mohamed Morsi était jugé aux côtés de 128 co-accusés, dont des membres des Frères musulmans, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais. Vingt-et-un ont été condamnés à la prison à vie.

Les peines capitales prononcées précédemment ont été condamnées par Washington, l’ONU et l’Union européenne. Pour Amnesty International, la peine de mort est devenue « l’outil de prédilection des autorités égyptiennes pour éliminer l’opposition politique ».

Dans le procès pour espionnage, l’ex-président et ses 34 co-accusés ont été reconnus coupables d’avoir fourni « des rapports de sécurité » à l’Iran et d’espionnage en faveur du Hamas et du Hezbollah « en vue de mener des attaques terroristes dans le pays pour y semer le chaos et renverser le pouvoir ».

Dans cette affaire, le tribunal a également confirmé les peines de mort prononcées le 16 mai contre 16 personnes, dont deux hauts dirigeants des Frères musulmans : le richissime homme d’affaires Khairat al-Chater et Mohamed al-Beltagui. Seize autres, dont Badie et Katatni, ont écopé de la prison à vie.

« Nous allons faire appel du verdict », a annoncé Abdel Moneim Abdel Maqsoud, un avocat de la défense qui a cependant précisé que pour le cas de Mohamed Morsi, il fallait obtenir son accord.

En effet, Mohamed Morsi, qui est jugé dans deux autres procès, l’un pour « outrage à magistrat » et l’autre pour espionnage au profit du Qatar, se considère toujours comme le « président de l’Egypte », et récuse la légitimité de ses juges.