Les oppositions et l’absence de dialogue paralysent ces projets tant attendus par les citoyens, mais qui ne seront pas livrés dans les mois à venir comme promis.
Finalement, le train maintes fois annoncé n’a pas encore sifflé à Tizi Ouzou, tout comme la liaison avec l’autoroute Est-Ouest dont les travaux n’avancent pas. Les centres d’enfouissement technique lancés pour stopper la catastrophe environnementale sont tous à l’arrêt malgré les initiatives des différents walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya. L’on se souvient des états généraux sur l’environnement lancés par l’ancien wali, Abdelkader Bouazghi. Aujourd’hui le constat est amer car après les états généraux c’est la paralysie générale qui y règne. La semaine a été riche en mauvaises nouvelles de ce côté pour les populations de la wilaya de Tizi Ouzou.
Le développement n’est pas pour demain. Et tous ces projets structurants ne seront pas livrés dans les délais ni même dans un avenir proche.
En effet, la première mauvaise nouvelle concerne la pénétrante qui reliera la wilaya de Tizi Ouzou à l’autoroute Est-Ouest. Les travaux sont à l’arrêt au niveau de plusieurs points à cause des oppositions de citoyens. Lors du week-end, c’est la commune de Frikat, précisément le village Maâmar où les citoyens ont obligé l’entreprise réalisatrice à arrêter les travaux jusqu’à nouvel ordre.
Où est passée la commission instruite par le ministre Abdelkader Ouali?
En fait, ce tronçon de 38 kilomètres de longueur reliant la wilaya à l’autoroute Est-Ouest passant par plusieurs daïras, à l’instar de Draâ El Mizan va désenclaver au passage tout le versant Sud. A son lancement, l’optimisme était grand. Mais cet état ne durera pas longtemps car les retards allaient survenir.
Ils vont même s’éterniser contraignant le gouvernement à différer les délais de réception. Ce rythme tortueux va même provoquer un coup de colère du ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali en visite d’inspection au début de l’année en cours.
Lors de son escale sur le chantier, Abdelkader Ouali a instruit le wali de mettre sur pied une commission chargée de trouver des solutions à tous les problèmes par le dialogue avec les populations qui s’opposent en plusieurs points et travailler pour accélérer la cadence, quitte à menacer les entreprises de résiliation de contrat.
Ce viaduc est dangereux
Puis, rien. Depuis ce jour, malgré les multiples descentes d’inspection du wali, les oppositions sont restées sans solutions. Lors de ce week-end, les villageois de Maâmar réclamaient l’écoute des pouvoirs publics comme si la commission n’existait pas. Les villageois ont sommé les conducteurs d’engins de les immobiliser jusqu’à nouvel ordre pour signifier que le dialogue n’existe pas. Les villageois évoquent comme cause de leur action, le danger que représente le viaduc de 1000 m qui surplombe leur village. Pourtant, les villageois ne se sont pas opposés sans proposer des solutions. Ces derniers affirmaient que des solutions alternatives ont été proposées, comme la déviation de ce dernier sans plus de frais mais que les responsables campent sur leur tracé initial sans vouloir dialoguer.
A Tichtiouine et à Tafoughalt, villages situés à Aït Yahia Moussa et Tizi Ghennif, les villageois s’opposent au tracé, faute d’indemnisation de leurs terres. La pénétrante est également à l’arrêt au niveau d’Oued Ksari, lieu connu pour abriter une casse automobile géante pour les mêmes considérations.
En tout état de cause, les citoyens, lors de nos maintes virées à travers les villages, ont mis en évidence un fait important qui met à nu plusieurs vérités qui ne seraient pas transmises aux différents ministres. Les citoyens ne s’opposent pas pour s’opposer. Conscients plus que personne des enjeux et des conséquences de leurs actions sur le développement, les populations qui s’opposent ne réclament que le dialogue et la concertation pour trouver des compromis.
Ce n’est pas uniquement la pénétrante qui est en retard mais beaucoup d’autres grands projets. Ainsi, après plusieurs années, les populations de la wilaya restent encore sans nouvelles des projets de centres d’enfouissement technique (CET) inscrits pour enrayer les problèmes environnementaux. Ils sont tous à l’arrêt. Les populations des villages où ils sont prévus s’opposent farouchement à leur implantation.
A Boubhir, à Bouhellalou comme à Mizrana, les citoyens réclament des pouvoirs publics de revoir la carte de leur implantation.
Train Alger-Oued Aïssi: 22 ans de retard
En fait, à Boubhir comme à Mizrana, les responsables contactés affirmaient tous que les villageois proposent des solutions alternatives avant de s’opposer par la force. Le responsable des villages de Boubhir expliquait en effet qu’un autre site a été proposé par les villageois qui jugeaient le premier site nuisible à l’eau potable. C’est la même proposition faite à Mizrana. Mais les propositions des villageois n’ont pas attiré l’attention des responsables qui persistent à vouloir imposer ces CET aux lieux prévus sans prendre en considération les appels des villageois au dialogue. Cette attitude méprisante provoque la résistance et la colère chez les populations qui recourent à l’action violente. A Mizrana, la réaction des villageois a été violente pour l’entreprise qui a vu ses engins incendiés. Ainsi, après une décennie et une multitude d’initiatives lancées par les différents walis, le constat est le même. Les travaux des CET sont à l’arrêt.
Les populations souffrent encore dramatiquement de la situation environnementale. Un constat s’impose: les populations s’opposent, faute de dialogue. Longtemps attendu et maintes fois annoncé, le train Alger-Oued Aïssi n’a pas encore sifflé. Les travaux ont déjà consommé 10 milliards après une enveloppe initiale de quatre milliards en plus des rallonges. Mais, aucun bruit de sifflement à l’horizon.
Pourtant, cette ligne qui reliera Tizi Ouzou à la capitale est primordiale pour l’économie locale. Annoncé pour fin 2015, les populations n’ont pas encore vu l’ombre d’un train. Le tronçon Oued Aïssi-Tizi Ouzou ne connaît actuellement aucun semblant de chantier, préfigurant qu’aucune chance de voir le train siffler à Tizi Ouzou ne pointe à l’horizon. Ainsi, en attendant cette voie rapide, les voyageurs continuent de prendre le bus dont les prix s’envolent chaque mois sans aucun préavis. La cherté du billet s’ajoute hélas à la qualité des bus qui se dégradent de jour en jour.