La permanence imposée à quelque 64 000 commerçants à travers le pays n’a pas permis au citoyen de s’approvisionner convenablement en denrées alimentaires durant les deux jours de la fête de l’Aïd el-Adha. D’aucuns s’attendaient à ce que le programme de permanence ne soit pas respecté à 100%.
Preuve en est qu’une véritable tension a été enregistrée sur les produits de large consommation. Comme à l’accoutumée, le pain s’est fait rare durant les deux jours de l’Aïd. À longueur de journée, des queues interminables ont été remarquées devant les boulangeries des différents quartiers dans toutes les wilayas. Ce qui explique clairement que les 5 700 boulangers réquisitionnés pour la circonstance se sont avérés insuffisants pour répondre aux besoins des consommateurs en ces jours de fête. Il y a même ceux qui n’ont pas pu satisfaire la demande à cause d’un manque de matières premières, notamment la farine.
Même s’ils ont ouvert, ils n’ont, cependant, pas fait de pain en quantités suffisantes pour une raison valable peut-être, ou ils l’ont fait sciemment pour se libérer rapidement de cette décision ministérielle… Le lait, l’autre produit sur lequel s’appuient les familles nécessiteuses ainsi que les couches sociales les plus défavorisées pour enrichir un tant soit peu leur ration alimentaire, est absent sur le marché depuis au moins 5 jours à Alger. Avant même la fête, le produit n’était pas distribué pour les commerçants. Les citoyens se sont rabattus sur l’usine Colaital de Birkhadem pour s’y approvisionner. Et là aussi, de longues queues ont été observées jeudi dernier à l’intérieur de l’unité, où chaque citoyen avait droit à l’achat de 8 sachets seulement.
C’est dire que la rareté du lait en sachets avait commencé bien avant la fête. La pénurie des produits alimentaires durant la fête a engendré également un autre phénomène récurrent, à savoir la flambée des prix. Certains commerçants indélicats saisissent en effet cette opportunité pour augmenter les tarifs des produits. Et les 2 222 agents mobilisés par le ministère du Commerce pour l’Aïd ne pourront en aucun cas contrôler tous les commerçants légalement installés. Idem pour les services de sécurité qui demeurent impuissants face au commerce informel. Ce constat indique que pour les jours de fête, il ne s’agit pas d’augmenter le nombre de commerçants de permanence d’année en année, mais de veiller de manière scrupuleuse au respect de cette réquisition.
Car, tous les ans, le scénario de villes mortes qui caractérise les chefs-lieux des communes, des daïras et des wilayas se répète souvent durant les jours de fête à cause, surtout, de la fermeture des magasins ! Dans la pratique, le nombre de commerçants qui répondent à cet appel est loin d’égaler celui arrêté par la tutelle. Les chiffres officiels parlent à chaque fois d’un taux de suivi se situant entre 98 et 100% à l’échelle nationale. Pour l’Aïd de 2019, le ministère du Commerce a fait état dans un communiqué rendu public hier d’un taux de suivi de 99,52% à l’échelle nationale.
La tutelle précise que toutes activités confondues ont bien respecté l’obligation des permanences instaurée par le ministère du Commerce. Aucune perturbation n’a été enregistrée, estime le ministère, sauf en matière d’approvisionnement en pain, notamment dans les nouvelles cités qui manquent de boulangeries. Or, la réalité du terrain est tout autre…
B. K.