La rareté du lait en sachet oblige les commerçants à limiter les quantités vendues en réduisant les quotas à deux sachets par client.
En dépit des assurances du ministre de l’Agriculture quant à l’approvisionnement régulier des laiteries en matière première, des perturbations dans la commercialisation du lait en sachet de 25 DA persistent toujours sur le marché national. Une pénurie de lait est signalée depuis plusieurs semaines dans plusieurs wilayas du pays notamment au Centre où ce produit de première nécessité se fait de plus en plus rare.
La filière laitière subit actuellement une tension forte obligeant le consommateur de se rabattre sur le tetra-pak, pour les riches alors que les autres citoyens aux bourses moyennes font leur deuil de cet aliment après avoir attendu en vain dans des files interminables de longues heures durant. Une telle situation a poussé certains épiciers à s’abstenir carrément de vendre ce produit compte tenu des problèmes qu’il engendre. La rareté du lait en sachet oblige en effet les commerçants à limiter les quantités vendues en réduisant les quotas à deux sachets par client.
D’autres, plutôt indélicats, saisissent l’occasion pour imposer des ventes concomitantes dans le but de liquider le stock de lait de vache imposé par quelques distributeurs ! Une pratique frauduleuse sur laquelle les services de contrôle du ministère du Commerce ferment les yeux malgré les plaintes des gens. Une troisième catégorie de marchands préfère vendre tout sans rationnement mais très tôt le matin dès que le camion du distributeur stationne devant son magasin.
C’est dire les nombreux dysfonctionnements qui caractérisent cette filière provoquant l’épineuse problématique de la régulation du marché. L’on se demande en fait à quel niveau se situent toutes ces difficultés ? Quel est au juste le maillon faible de cette chaîne de commercialisation du lait subventionné ? Si les pouvoirs publics soutiennent mordicus que les producteurs sont alimentés régulièrement et en quantités suffisantes en poudre de lait, les laiteries, elles, démentent et avouent que leurs quotas ont été réduits.
Qui croire de ces deux partenaires ? Chacun avance ses propres arguments tandis que le consommateur pour qui le lait demeure un élément essentiel dans le menu quotidien, subit de plein fouet les conséquences de cette crise. Car, l’offre a bel et bien baissé ! Des observateurs très au fait du secteur agricole estiment que cette rareté est directement liée aux mesures prises par le gouvernement de restreindre les importations de près de 15 milliards de dollars pour l’actuel exercice. Quand l’on se rappelle effectivement du montant intenable de la facture d’importation de la poudre de lait, payée ces dernières années, l’on serait tenté de croire à cette version. Crise financière oblige et étant donné les décisions d’austérité prises, l’importation de la poudre de lait doit impérativement baisser quitte à réduire l’approvisionnement des transformateurs… Ces derniers ont, à ce propos, confirmé la réduction de leurs approvisionnements de plus de 20% ces derniers mois.
Certaines indiscrétions affirment par ailleurs, que les responsables de cette activité auraient instruit les distributeurs de ne desservir que les quartiers dits défavorisés pour que les couches moyennes en profitent au maximum d’autant plus que les habitants des autres localités, mieux lotis, peuvent se permettre d’autres laits. Outre les unités privées, les usines relevant du secteur public ont-elles-aussi, vu leur production baisser à cause d’un manque de matière première. Ce qui par conséquent, provoque une baisse remarquable de l’offre sur le marché. Cet écueil a contraint, faut-il le souligner, plusieurs laiteries à mettre la clé sous le paillasson mettant au chômage des centaines de pères de famille. Selon eux, l’Office national interprofessionnel du lait (Onil), chargé de l’importation de la poudre de lait et sa répartition aux producteurs, ne les alimente pas suffisamment en poudre.
L’Office a pour mission de réduire le volume d’importation de la poudre de lait. D’où la décision de remplacer les achats externes par le lait cru collecté. Un programme de relèvement du taux d’intégration de lait cru dans leur production du lait pasteurisé a été, fut-il le rappeler, dicté pour les 128 laiteries en activité dont les 16 publiques.
Un programme difficile à mettre en œuvre sur le terrain apparemment. Nos différentes tentatives d’entrer en contact avec les responsables de l’Onil pour qu’ils donnent leur version, se sont avérées vaines. L’on s’interroge d’ailleurs, sur les motifs d’une telle attitude inhabituelle, du reste, de la part des dirigeants de l’Office ? Contacté, le président de l’Association des consommateurs (Apoce), Mustapha Zebdi pense que les pouvoirs publics doivent des explications aux consommateurs sur ce problème. Le client, explique-t-il, a le droit d’être informé et sensibilisé sur cette pénurie. “Il est inadmissible que l’achat d’un litre de lait subventionné soit une des priorités quotidiennes du citoyen !”, déplore M. Zebdi. Si le gouvernement décide de réduire les importations et par la même les provisions des producteurs, conclut M. Zebdi, qu’il l’annonce dans un communiqué pour que les choses soient claires.