Les prix du pétrole devraient fluctuer autour de 65 dollars le baril en 2019, a prédit Mourad Preure, expert en énergie.
Il a expliqué, hier mercredi à la radio nationale, que la hausse des prix du pétrole est le résultat de plusieurs facteurs et événements politiques enregistrés en 2018. »Le marché pétrolier a été durant le second semestre 2018 bien orienté par un retour de l’Opep et ses alliés vers une ligne de défense des prix », a-t-il dit, précisant que cet ensemble de pays producteurs représente 90% des réserves mondiales. Il y a aussi, ajoute M. Preure, ’l’embargo commercial contre l’Iran décrété par le président Trump en septembre, puis il commence à tergiverser avec des exemptions accordées pour 8 pays en décembre.
Le marché a été dérouté durant le dernier trimestre 2018, et du coup les prix ont dévissé de 30% de septembre à octobre, mais l’Opep et ses alliés sont revenus dans leur réunion de décembre pour défendre les prix avec une décision de réduction de la production, et le marché s’est repris, notamment avec la crise au Venezuela, en Libye et a été dopé par une demande qui a repris ». En 2019, estime-t-il, les prix ’ vont fluctuer autour d’un prix moyen de 65 dollars le baril, très probablement une moyenne de 70 dollars ’. Ces prévisions optimistes sont tirées du fait qu’au dernier trimestre 2019 les réserves pétrolières américaines vont baisser, et les Etats-Unis risquent de revenir sur le marché.
En outre, il y a des signaux de rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis que le marché a bien interprétés, et que le différend commercial entre les deux pays a fait craindre un ralentissement de la demande mondiale de brut », explique M. Preure. Mais, ’le marché est encore dérouté et on ne sait pas dans quel sens les choses vont aller, et il reste très instable », avant la réunion en avril de l’Opep. D’autre part, l’Algérie a perdu depuis la crise de 2014, près de 70% de ses revenus pétroliers. ’La crise est survenue à un mauvais moment pour l’Algérie, étant donné que les gisements algériens avaient besoin d’un effort important pour reprendre, car le développement de l’amont algérien a été ralenti au cours des dix dernières années et nous en subissons les conséquences, dont un manque de volume pour défendre nos exportations sur l’Europe », explique encore cet expert, selon lequel ’il y a un ralentissement de la production algérienne alors que la crise pétrolière prend de l’ampleur ’.
La solution viendra de la transition énergétique, estime-t-il d’autre part sur la question de la trop grande consommation énergétique domestique et industrielle. ’Notre modèle de consommation n’est pas soutenable sur le moyen terme énergétique, et il l’est sur le court terme, avec une consommation de produits pétroliers multipliée par trois, et de 4,5 pour le gaz, et elle va doubler en 2030 », relève-t-il, avant de souligner que ’cela veut dire qu’on risque de se retrouver en situation de vulnérabilité énergétique ’.
Par ailleurs, et sur la question de la baisse de la production de pétrole, M. Preure a fait remarquer que ’le domaine minier algérien, qui est inexploré à près de 38 – 40%, recèle encore de bonnes surprises ’. »Sur le plan pétrolier, Hassi Messaoud, quand on l’avait découvert, contenait 50 milliards de barils réserves en place, et on a produit 15% des réserves de Hassi Messaoud à un taux de récupération de 26 – 27% ». Pour cet expert, ’cela veut dire que si on augmente le taux de récupération de Hassi Messaoud de 3 à 4%, ce qui est tout à fait accessible, on a plusieurs décennies de pétrole, alors que nos réserves aujourd’hui sont de 12 milliards de barils ’.
D’autre part, il a estimé que sur le plan gazier, ’ il y a beaucoup plus de potentiel, mais l’Algérie reste un pays pétrolier », alors que ’l’exploration va être développée, et il y aura amélioration de la récupération des gisements ’. Pour autant, il avertit qu » »il y a la pression de la demande, qui est excessive ’. ’L’Algérie, prévient-il, consomme trop d’énergie, et cette boulimie pèse sur nos exportations et nos équilibres financiers ’.