La progression de la demande mondiale de pétrole à long terme a été révisée à la baisse, hier, par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Elle sera de 12 mbj, passant de 98,7 mbj, en 2018, à 110,6 mbj en 2040, a chiffré l’organisation dans son rapport, soit un recul de 1 mbj par rapport aux prévisions faites l’année dernière.
L’Opep justifie cette révision négative par le ralentissement économique mondial mais aussi par les politiques mises en place par les pays développés pour réduire des émissions en recourant aux énergies propres. « La plus grosse part de cette révision est liée à une plus faible activité économique par rapport aux attentes de 2018 », explique, en effet, l’Opep dans son rapport. « A cela s’ajoute la perspective de gains d’efficacité énergétique plus importants ainsi que des changements de carburant dans plusieurs pays, en particulier ceux où un accent politique plus marqué sur les émissions (de gaz à effet de serre) est attendu », poursuit-elle, par référence aux efforts pour limiter le réchauffement climatique.
La demande pétrolière évoluera différemment d’une région à l’autre, a encore précisé l’Opep. Dans le cas des pays développés de l’OCDE, elle devrait progresser de sorte à atteindre un plafond durant les prochaines années avant d’entamer un déclin, prévoit la même source qui y attend une implantation « significative » des véhicules fonctionnant avec des carburants alternatifs au pétrole, comme l’électricité ou l’hydrogène. En revanche, les besoins des autres pays en développement devraient plus que compenser ce déclin, poursuit l’Opep.
Concernant l’offre d’hydrocarbures liquides (pétrole, gaz naturel liquéfié…), l’Opep prévoit qu’elle augmentera de 11,8 mbj d’ici 2040, à 110,8 mbj, avec une hausse de ses propres capacités mais aussi une progression de la production des pétroles de schiste américains à moyen terme.
Avant ce rapport annuel, l’organisation avait déjà revu à la baisse ses prévisions de demande pour son propre pétrole brut en 2020, la chiffrant à 29,3 mbj, soit, 1,3 mbj de moins par rapport à 2019.
Pour rappel, l’Opep et ses partenaires, regroupés autour de l’Opep+, se sont entendus, en juillet dernier, sur une reconduction, jusqu’en mars 2020, de leur accord portant réduction de leur production. Cette réduction, en vigueur depuis le 1er janvier dernier, est de 1,2 million de b/j dont 800 000 de b/j pour l’Opep et 400 000 de b/j pour ses alliés. Grâce à ces efforts, la « stabilité du marché » a été « généralement maintenue ces dernières années », salue le secrétaire général de l’Opep Mohammed Barkindo dans l’introduction du rapport publié hier. Cela est d’autant plus frappant et bienvenu face aux risques et incertitudes considérables pour l’économie mondiale », estime le responsable nigérian, qui cite les guerres commerciales, la menace de la dette et la faiblesse de certaines économies clefs.
Fériel Nourine