Feriel Nourine
La production américaine de pétrole brut devrait augmenter de 1,49 million de barils par jour (bpj) en 2019, a annoncé l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) qui tablait précédemment sur une hausse de 1,43 million de bpj. Avec la hausse annoncée par l’EIA, la production des Etats-Unis atteindrait une moyenne de 12,45 millions de bpj. L’agence a également révisé à la hausse ses prévisions pour 2020, anticipant sur une augmentation de 13,38 millions de bpj contre 930 000 bpj précédemment.
Par ailleurs, l’EIA voit la demande pétrolière américaine augmenter de 250 000 bpj à 20,70 millions cette année, au lieu de la hausse de 360 000 précédemment estimée. Pour 2020, elle anticipe une hausse de 280 000 à 20,98 millions. Avec la forte avancée du pétrole de schiste, les Etats-Unis se sont déjà hissés au rang de premier producteur mondial de brut, dépassant l’Arabie saoudite et la Russie. Et leurs exportations devraient augmenter également vers la fin de l’année. En effet, « l’EIA s’attend toujours à ce que les Etats-Unis commencent à exporter davantage de pétrole qu’ils n’en importent à partir du quatrième trimestre et cela devrait se poursuivre dans un avenir prévisible », a déclaré Linda Capuano, prévisionniste de l’agence, dans un courriel. « Cette évolution faisant du pays un exportateur net de pétrole serait une première pour les Etats-Unis depuis 1948 », a-t-elle ajouté.
Le rapport de l’EIA a, bien sûr, influé sur le marché en poussant les prix à la baisse, réduisant, au passage, de l’impact des tensions au Golfe où les Etats-Unis ont annoncé, mardi, l’envoi de bombardiers B-52, alors que l’Iran a répliqué hier par la suspension de « certains » de « ses engagements » pris dans le cadre de l’accord international sur son programme nucléaire de 2015, en réponse à la dénonciation unilatérale de ce pacte par Washington, il y a un an jour pour jour. Outre l’offre iranienne, visée par les sanctions américaines, les analystes s’inquiétaient de la possibilité d’un conflit autour du détroit d’Ormouz, par lequel passe 20% du pétrole mondial et que l’Iran avait menacé de fermer fin avril. Mais hier, ce sont les prévisions de l’agence américaine qui ont le plus pesé sur le marché, faisant évoluer les prix dans la même tendance baissière de la veille.
Ainsi, après avoir clôturé la journée de mardi au-dessous des 70 dollars, le baril de Brent de la mer du Nord s’affichait hier 69,58 dollars sur l’Inter Continental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 30 cents par rapport à la clôture de la veille. A New York, le baril de Texas Light Sweet cédait 18 cents à 61,22 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Outre la hausse de la production américaine annoncée par l’EIA, le marché pétrolier se trouve fragilisé par les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine après que le président américain Donald Trump a annoncé, dimanche, une hausse prochaine des droits de douane sur 200 milliards de dollars de produits chinois exportés aux Etats-Unis. « L’escalade de la guerre commerciale entre les deux plus grandes économies mondiales se traduit habituellement par un impact négatif sur la demande de pétrole », ce qui pèse automatiquement sur les cours, relève Tamas Varga, analyste chez PVM.