Dans une déclaration faite hier, le président en exercice de l’Opep, le Qatari Mohamed Saleh al-Sada, a affirmé que « nous ne manipulons pas les prix » et que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole « était responsable » de la sécurité de l’approvisionnement du marché.
Elle continue d’agir sur l’offre pour rééquilibrer le marché, exactement comme elle l’a fait, il y a cinq mois, quand elle a réduit son offre de brut.
Deux accords de limitation de l’offre conclus par l’Opep, l’un en son sein, l’autre avec ses partenaires dont la Russie, sont entrés en vigueur le 1er janvier dernier. Ces accords portent sur une baisse de quelque 1,8 million de barils par jour. L’objectif de réduction de l’offre, prévue sur une période initiale de six mois, est de rééquilibrer le marché. Seulement voilà, le schiste américain, ce contre quoi l’Arabie saoudite « s’est battue », pendant deux ans, pourrait reprendre vigueur et, du coup, influer sur les cours du pétrole. Evidemment, il y a des gisements de schiste qui sont rentables avec un baril à 55 dollars. Du reste, la production américaine, notamment de pétrole de schiste, a tendance à remonter depuis fin septembre, dopée par un prix du baril plus élevé grâce aux perspectives de limitation de la production par l’Opep. Le gaz et le pétrole non conventionnels risquent ainsi de brouiller les cartes dans le carré de l’Opep, surtout que les entreprises qui les exploitent ont aujourd’hui un soutien de poids, celui du nouveau locataire de la Maison-Blanche. La question du schiste, le président de l’Organisation pétrolière l’a esquivée, se contentant de dire qu’il est « trop tôt pour porter un jugement définitif ». Mais, ajoute-t-il, il pourrait avoir une meilleure idée après la réunion de l’Opep en mai prochain. Mohamed Saleh al-Sada a beaucoup insisté sur le fait que les accords Opep sont bons, que la plupart des pays ont respecté les engagements pris à Vienne et que les efforts fournis par les membres de l’Opep et les pays non Opep ont porté fruit, allusion faite à la remontée des cours qui gravitent actuellement autour de 55 dollars le baril.
Les prix alternent en fait hausse et baisse. Ils sont loin des seuils d’avant 2014, date à laquelle a commencé la chute pétrolière. Hier, par exemple, les cours du pétrole poursuivaient leur chute en Asie, en raison notamment d’une nette hausse estimée des réserves américaines de brut. Le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en mars, perdait ainsi 65 cents à 51,52 dollars dans les échanges électroniques. Les prix se sont effondrés sur ce marché, alors que l’API a estimé que les réserves américaines de brut s’étaient envolées de 14,2 millions de barils la semaine dernière, ce qui représente une des plus fortes hausses hebdomadaires de l’indice, a expliqué Fiona Cincotta, analyste chez City Index, cité par des agences de presse. Cette hausse importante des réserves est due à une forte hausse de l’offre des producteurs américains de pétrole de schiste, qui n’étaient pas liés à l’accord de limitation de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et qui ont, au contraire, profité de la hausse des prix pour augmenter leur débit. Les observateurs attendaient aussi la publication des données du Département américain de l’Energie (DoE) sur la même période, jugées plus précises par les investisseurs, pour savoir si la tendance est confirmée ou infirmée. Selon un consensus compilé par Bloomberg, les analystes attendent une hausse des stocks de brut de 2,5 millions de barils, des stocks d’essence de 1,5 million de barils et des stocks de produits distillés de 500.000 barils.
Quant aux prix du pétrole en cours d’échanges européens, ils ont enregistré une légère baisse, les marchés sanctionnant une hausse des réserves américaines, selon les données de la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API).
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 54,74 dollars en fin de matinée sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 31 cents par rapport à la clôture de mardi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de mars cédait 44 cents à 51,73 dollars. En trois séances de baisse, les cours de l’or noir cédaient 3,8% pour le Brent et 4% pour le WTI, les investisseurs se focalisant sur les données sur les réserves américaines pour la semaine achevée le 3 février.