C’est un marché incertain et sans grand élan. Les prix du brut ont monté un peu hier au cours des échanges européens, alors que les experts constatent déjà de la surabondance.
L’offre est toujours plus grande, en dépit de la baisse de la production dans la plupart des pays producteurs. C’est un déséquilibre que l’OPEP s’attend à éponger dans deux mois au minimum, si tout va bien. D’ailleurs, les investisseurs restent encore dans l’expectative, attendant des signes tangibles d’un effet immédiat de l’accord de novembre dernier à Vienne entre l’OPEP et ses partenaires non affiliés au cartel.
La hausse des cours hier matin a surpris certains acteurs du marché, en raison de l’absence d’éléments déterminant et la poursuite des hésitations des gros investisseurs quant aux perspectives de rééquilibrage de l’offre mondiale et du respect des clauses de l’accord de réduction. Lors des cotations à New York, le baril de Brent valait en milieu d’après-midi 56,48 dollars, soit presque une hausse de 0,80% par rapport à la cotation d’avant hier lors de la clôture des échanges.
C’est dans cette ambiance morose et pleine de doutes que l’Agence internationale de l’Energie a mis en garde les acteurs du marché dans un rapport diffusé avant hier sur un éventuel choc pétrolier. C’est ainsi que l’AIE affirme que si de nouveaux investissements ne sont pas rapidement lancés, le marché risque de tomber dans de nouveaux déséquilibres.
Dans ce rapport, l’institution souligne que pour « éviter une envolée des prix de l’or noir, l’industrie pétrolière doit investir davantage pour que l’offre ne vienne pas à manquer face à une consommation en hausse constante jusqu’en 2022 ».
« Il est nécessaire d’investir davantage dans les capacités de production pétrolière pour éviter le risque d’une forte hausse des prix du pétrole vers la fin de la période examinée (prospective sur cinq ans) ». Il s’agit du second avertissement de l’AIE depuis novembre dernier.
Il faut rappeler que le secteur pétrolier a connu une réduction importante dans ses investissements, en raison de la baisse des recettes et des bénéfices et des sombres perspectives boursières et économiques.
La chute des cours a produit des effets graves, comme l’annulation de projets, le report d’autres, touchant directement en amont et en aval le secteur depuis l’exploration des gisements jusqu’aux premières extractions et acheminements de la production.
Aucun investisseur ne pourrait « jeter » son argent dans une opération industrielle dans le secteur pétrolier alors que les indicateurs sont au rouge. Après une réduction de 25% en 2015, ces investissements dans les projets d’exploration-production ont subi une nouvelle coupe de 26% en 2016 pour s’établir à 433 milliards de dollars.
Ce n’est qu’avec le début d’une légère hausse des cours que les géants pétrogaziers ont décidé de revoir leurs budgets comme ExxonMobil. Mais, pour les experts de l’AIE, cela reste insuffisant si la tendance n’est pas mondiale. En tirant la sonnette d’alarme, l’agence estime que la production risque de ralentir fortement à partir de 2020 si les investissements ne repartent pas de nouveau. La demande mondiale de pétrole atteindra le seuil des 100 millions de barils par jour en 2019 et 104 millions d’ici 2022.