Farid Messaoud
Les prix du pétrole du Brent se sont établis en moyenne à 71 dollars le baril en mai, restant pratiquement inchangés par rapport à avril 2019 et inférieurs de près de 6 dollars par rapport au prix de mai de l’année dernière. Toutefois, les cours du Brent ont fortement chuté au cours des dernières semaines, pour s’établir à 62 dollars, le 5 juin dernier.
Cette courbe ascendante des prix du Brent reflète en fait une incertitude croissante sur la demande mondiale de pétrole. C’est là l’une des conclusions principales établies par les rédacteurs du dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Et cette tendance risque de se poursuivre du fait de l’augmentation des stocks mondiaux de pétrole et de la production des hydrocarbures aux Etats-Unis. L’AIE prévoit, en effet, que les stocks mondiaux de pétrole diminueront de 0,3 million de barils par jour en 2019, mais augmenteront de 0,3 million de barils par jour en 2020. Cela ne saurait être une bonne nouvelle pour les pays producteurs de pétrole.
Comme si cela ne suffisait pas, la production annuelle de pétrole brut des Etats-Unis en a remis une couche, atteignant un niveau record de 11 millions de barils par jour en 2018. Et l’agence international prévoit que la production des Etats-Unis augmentera de 1,4 million de barils par jour en 2019 et de 0,9 million de barils par jour en 2020, avec une production moyenne de 13,3 millions de barils par jour en 2020. Cela exige une attention continue de la part des pays producteurs Opep et non-Opep. Leurs experts vont certainement réfléchir aux scénarios les plus optimistes et en faire des interprétations justes et utiles en passant des nuits blanches. Une bonne nouvelle cependant sur le plan de la demande. Celle-ci augmentera de 1,4 million de barils par jour en 2020 selon les prévisions, en hausse par rapport à la croissance attendue de 1,2 million de barils par jour en 2019. L’AIE prévoit également que les prix de détail de l’essence aux Etats-Unis seront en moyenne de 2,76 dollars le gallon, contre une moyenne de 2,85 de dollars l’été dernier.
La baisse des prix de l’essence reflète principalement les prévisions qu’elle avait établies concernant la baisse des prix du pétrole brut cet été. Le prix du panier de quatorze pétroles bruts, qui sert de référence à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a reculé mardi, 11 juin, à 62,56 dollars le baril, contre 63,01 dollars, la veille (lundi, 10 avril). Dans l’après-midi d’hier, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 62,56 dollars à Londres. Au chapitre gaz, l’AIE souligne que les stocks de gaz naturel se sont établis en mars dernier à 1 200 milliards de pieds cubes, soit 15% de moins que les niveaux enregistrés l’année précédente et 28% de moins que la moyenne des cinq dernières années (2014-2018).
L’agence prévoit que les injections de stockage de gaz naturel dépasseront la moyenne quinquennale précédente. Elle relève par ailleurs qu’elle s’attend à ce que la part de production totale d’électricité des centrales électriques fonctionnant au gaz naturel aux Etats-Unis passe de 35% en 2018 à 37% en 2019 et à 38% en 2020. Elle prévoit aussi que la part de production à partir du charbon sera en moyenne de 24% en 2019 et de 23% en 2020, contre 27% en 2018. La part prévue en matière de production nucléaire passera de 20% en 2019 à 19% en 2020. L’hydroélectricité représente en moyenne 7% de la production totale dans les prévisions pour 2019 et 2020, soit un niveau similaire à celui enregistré en 2018. Les énergies renouvelables éoliennes, solaires et autres sources d’énergie non hydroélectriques ont contribué à hauteur de 10% à la production américaine en 2018. L’AIE prévoit que cela passera à 11% en 2019.