Les conseils d’administration des deux groupes ont officialisé leur accord pour créer le plus gros laboratoire pharmaceutique au monde, un mariage à 160 milliards de dollars. L’opération permettra à Pfizer de déplacer son siège à Dublin.
La plus grosse fusion de l’année est lancée. Les groupes pharmaceutiques Pfizer et Allergan ont officialisé ce lundi après-midi leur mariage à neuf zéros qu’ils évoquent depuis fin octobre . L’opération de rapprochement, d’un montant global de 160 milliards de dollars (150,5 milliards d’euros), va donner naissance au plus gros laboratoire pharmaceutique au monde : Pfizer vaut près de 200 milliards de dollars en Bourse, contre 123 milliards de dollars pour Allergan.
Les conseils d’administration des deux entreprises, réunis dimanche, avaient validé les termes de l’union, qui a donc été officialisée ce lundi. Selon le communiqué, Pfizer offrira 11,3 de ses actions pour chaque titre Allergan. Les activités des deux laboratoires seront regroupées au sein d’Allergan Plc, société de droit irlandais, qui sera ensuite renommée Pfizer. C’est le directeur général de Pfizer, Ian Read, 62 ans, qui dirigera la nouvelle entité, tandis que le directeur général d’Allergan, Brent Saunders (45 ans), qui a fait une ascension fulgurante au sein de l’entreprise depuis cinq ans, en sera le numéro deux.
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L’opération, complexe, devrait être finalisée au deuxième semestre 2016, après qu’Allergan aura achevé de céder son activité de génériques à Teva pour 40 milliards de dollars. D’ici à 2017, le groupe ainsi créé sera scindé afin de séparer les produits à forte marge des génériques, qui ont tiré vers le bas les performances de Pfizer ces dernières années.
Opération historique
L’opération est historique. C’est l’une des plus importantes jamais conclues en matière de fusions acquisitions, devant le méga-rapprochement des brasseurs AB InBev- SABMillerannoncé cette année. Elle représente aussi la plus grosse « inversion fiscale » jamais réalisée aux Etats-Unis – un montage couramment pratiqué permettant à une entreprise américaine de délocaliser son siège social à l’occasion d’un rachat, pour bénéficier d’une fiscalité plus clémente. Mais pour rendre l’opération encore plus favorable, c’est Allergan, déjà basé à Dublin, qui rachètera Pfizer, dont le siège est à New York. Un montage mûrement réfléchi : Pfizer cherche en effet depuis longtemps à réduire son taux d’imposition (35% aux Etats-Unis) par le biais d’une inversion fiscale. Le groupe avait tenté en vain de racheter AstraZeneca en 2014, afin de déplacer son siège en Grande-Bretagne.
Le nouvel ensemble va constituer un véritable mastodonte de l’industrie pharmaceutique, avec des ventes dépassant 60 milliards de dollars, loin devant l’américain Merck, numéro deux (avec 40 milliards). Il sera doté de l’un des plus gros budgets de R&D du secteur et exploitera quelques best-sellers, dont le vaccin contre la pneumonie Prevenar, les traitements anti-rides Botox, ou le Viagra. Ce rapprochement devrait enfin doper la croissance en berne de Pfizer, et permettre à Allergan de se développer à l’extérieur des Etats-Unis, où il réalise actuellement l’essentiel de ses ventes.