Les pharmaciens ont pris soin d’informer leurs clients en affichant des communiqués et des avis sur les devantures de leurs locaux annonçant le débrayage.
L’appel à la grève lancé par le Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) a été largement suivi, hier, à travers toutes les wilayas. La quasi-totalité des officines a baissé rideau durant toute la matinée en réponse au mouvement de protestation enclenché par leur syndicat. Le taux de suivi de la grève à travers presque toutes les wilayas a atteint les 80%, estiment les initiateurs. Il faut savoir que le Snapo a recommandé à ses adhérents de s’organiser de sorte à assurer un service minimum. Mieux, une ou deux pharmacies par daïra ont été autorisées à ouvrir pour dispenser les médicaments aux malades, notamment ceux atteints de maladies chroniques.
Le patient reste aux yeux des pharmaciens membres du Snapo leur souci majeur même s’ils s’engagent à aller jusqu’au bout de leur action de contestation pour que leurs revendications soient satisfaites. Ils ne veulent aucunement que le malade soit l’otage de leur bras de fer avec les ministères de la Santé et de la Justice. “L’échéance a été reportée à plusieurs reprises, mais cette fois-ci, on ne nous laisse plus le choix”, souligne cette organisation syndicale dans son appel à la grève. “Aujourd’hui, le sujet récurrent et inquiétant des psychotropes est devenu un souci majeur pour chacun d’entre nous. Si vous perdez votre liberté, vos droits fondamentaux en tant que citoyen, si vous n’êtes plus capable de continuer à exercer, et si tout simplement vous n’êtes plus pharmacien, plus rien d’autre n’a d’importance”, relève le Snapo dans cet appel.
Ce sentiment d’aversion, né de la situation difficile qu’il traverse ces dernières années, pousse le pharmacien à réagir, à se révolter, pour un avenir meilleur. Le pharmacien fait face, explique le syndicat, à des souffrances multiples. “Les conditions économiques de l’officine n’ont pas cessé de se dégrader. Notre métier étouffait sous les procédures administratives des conventions sociales. Sans oublier les difficultés des approvisionnements face aux ruptures et les ventes concomitantes, ainsi que notre incapacité de répondre aux besoins urgents de nos patients”, déplorent les pharmaciens affiliés au Snapo.
Pour eux, nul n’est à l’abri d’un assassinat ou d’un emprisonnement à cause d’un vide juridique ou d’une mauvaise explication d’une loi. Hier, à Alger, presque toutes les officines ont fermé en application du mot d’ordre du Snapo. Toutefois, les pharmaciens ont sensibilisé à l’avance leurs malades pour que ces derniers puissent prendre leurs dispositions. Ils ont pris le soin d’alerter leurs patients en affichant des communiqués et des avis sur les devantures de leurs locaux annonçant le débrayage pour le mercredi 29 mai de 8h à 12h. “La place du pharmacien est aux côtés du malade et non pas devant les tribunaux ou en prison”, “Les psychotropes sont des médicaments que les pharmaciens ont le droit de dispenser sans risquer leur vie”, “Le Snapo appelle à la grève pour demander une loi qui protège le pharmacien, celui qui vous conseille, vous assiste et vous accompagne dans votre quotidien”… sont entre autres slogans sur la vitrine d’une pharmacie sise à la rue Didouche-Mourad.
Plus bas, située sur l’avenue Hassiba, une autre officine, qui a répondu à l’appel à la grève, placarde une affiche sur laquelle l’on peut lire : “Mon pharmacien n’est pas un criminel, c’est un professionnel de santé.” Une pancarte sur le rideau d’une autre officine sise à la rue Larbi-Ben M’hidi reprend l’avis de son propriétaire, qui déclare : “Ma place est aux côtés de mes patients, non devant les tribunaux et non plus en prison. Je ne suis pas en sécurité dans ma pharmacie à cause d’un vide juridique de la loi relative aux psychotropes.”
B. K.