Si l’industrie pharmaceutique est l’un des domaines qui connaît incontestablement une lancée en Algérie, il n’en demeure pas moins que le revers de la médaille fait peine à voir.
Une correspondance du sénateur Abdelouahab Benzaim, mettant le doigt là où ça fait mal, vient aujourd’hui révéler ce que tout le monde savait déjà ; l’injustice qui règne dans de l’octroi de l’agrément de pharmacien. Un problème administratif qui s’est vite mué en un véritable affrontement entre deux générations.
Le sénateur, dans une correspondance adressée au ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid, s’indigne et révèle que des agréments sont revendus par des pharmaciens retraités à des jeunes diplômés contre 3 milliards de dinars. « On parle de la vente d’agrément de pharmaciens à 3 milliards de centimes, ce qui est une démarche illégale adoptée par certains pharmaciens ayant atteint l’âge de la retraite et qui ont remis leurs agréments à d’autres pharmaciens en échange de cette folle somme, et ce, tandis que les nouveaux diplômés des écoles de pharmacie restent au chômage pendant des années », a écrit le sénateur.
Quand la bureaucratie s’allie à la gérontocratie
Cette situation résulte d’une « gestion catastrophique du secteur pharmaceutique », estime Benzaim, qui fait savoir que plus de 2.000 diplômés en pharmacie viennent renforcer les rangs des chômeurs chaque année. C’est d’ailleurs afin de fuir le chômage, que les plus chanceux parmi ces jeunes pharmaciens, cèdent aux lubies des ceux qui font des précieuses accréditations leur fonds de commerce.
Selon Benzaim, pour qu’un jeune diplômé en pharmacie puisse avoir droit à un agrément, il doit ajouter son nom à une interminable liste d’attente. Une liste d’attente qui se serait arrêtée à 2006, ce qui veut qu’il relève presque de l’impossibilité d’avoir l’accréditation d’ouvrir une pharmacie pour les pharmaciens diplômés après cette année.
« Le problème ne concerne plus la tutelle dorénavant », note Benzaim qui explique que « la polémique a lieu maintenant entre les anciens et les nouveaux pharmaciens ». À cette hégémonie exercée par certains « anciens pharmaciens », s’ajoute, toujours selon le député, « des conditions bureaucratiques ».
« J’estime qu’il est de votre devoir et du devoir du gouvernement de prendre des mesures fermes et urgentes pour délivrer l’agrément nécessaire à l’ouverture de pharmacie à tous, sans en exclure personne, et de lever toutes les conditions bureaucratiques qui entravent ces agréments », s’insurge Benzaim qui rappelle que l’Algérie est pleine de zones où l’on ne trouve pas l’ombre d’une pharmacie.