Elles sont quatre femmes à la tête de partis politiques. L’exception Louisa Hanoune durant plus de deux décennies est révolue. Zoubida Assoul, de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), Naïma Salhi, du Parti de l’équité et de la proclamation (PEP), et Mahdjoubi Chalabia, du Mouvement pour la jeunesse et la démocratie (MJD) président, désormais, aux destinées de leurs partis. Mais de l’avis des partis politiques, cette présence ne reflète pas la réalité : les postes politiques dits sensibles, dans les institutions ou les hautes sphères économiques, sont la chasse gardée des hommes.
« La femme n’a pas encore pu décrocher une place dans les hautes sphères politiques et les postes sensibles de l’Etat », reconnaît Mourad Guerraba, membre du Bureau national chargé de la jeunesse au Front du changement (FC). Pour ce responsable du parti d’Abdelmadjid Menasra, la présence des femmes dans la vie politique est limitée à cause de la politique des quotas qui freine leur accès aux postes de responsabilité. « Il faut donner plus de chance et plus d’opportunités à la femme. On insiste sur la femme compétente et non sur celle désignée juste pour le décor, et qui milite sérieusement et efficacement pour les droits des femmes et de la société », soutient-il. Le FC plaide pour l’accès des femmes aux postes sensibles. Son argument ? « La femme peut contribuer à la diminution de la corruption et les délits et crimes économiques. Elle est plus vigilante et travaille pour la préservation de son entreprise. Pour preuve, on voit rarement, au niveau des tribunaux, des femmes impliquées dans des affaires de malversations », souligne-t-il, rappelant que la valorisation de la compétence féminine permettra aussi le renforcement de la cohésion sociale. Mais qu’en est-il de la situation de la femme au sein du FC ? Mourad Guerraba signale sa présence au sein du Bureau national, du conseil consultatif en plus de l’existence d’un forum de femmes du FC. « La parité est garantie dans la Constitution et nous l’appliquons avec conviction au sein du parti », assure-t-il.
La femme otage des quotas
Faire preuve de volonté politique
Pour le Parti des travailleurs (PT), la journée internationale de la femme n’est pas une occasion de fête mais une occasion de lutte et de combat qui se poursuit toujours malgré les acquis. « Nonobstant la Constitution et autres déclarations d’intention, on constate toujours des difficultés dans la pratique. La nouvelle Constitution a prévu l’égalité entre l’homme et la femme, mais le code de la famille est toujours en vigueur. De même pour la parité dans le milieu professionnel où beaucoup de problèmes sont signalés ce qui nécessite une volonté politique », relève Ramdane Taâzibt, député du PT et membre de la commission paritaire du parlement. Et même s’il reconnaît que plusieurs lois ont été validées en faveur de la femme, dont le code de la nationalité, notamment dans son chapitre sur l’octroi de la nationalité algérienne aux enfants nés de père étranger et de mère algérienne, le député de la formation de Louisa Hanoune estime qu’il reste beaucoup à faire pour la promotion des droits de la femme. La présidente de l’UCP, Zoubida Assoul, pense qu’il reste un long chemin à faire sur le plan des droits politiques en Algérie. « Certes, l’Etat a œuvré à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d’accès à la représentation dans les assemblées élues par le truchement de la nouvelle Constitution et par le système des quotas qui avait, auparavant, consacré une période de transition afin de mettre un terme au monopole de l’homme sur la politique. Malheureusement, certains partis politiques n’étaient pas préparés, des députées ont été parachutées ce qui a créé une dérive dans ce système en l’absence d’une culture politique », explique-t-elle.
De ce fait, elle plaide pour une pratique politique féminine de qualité. Le 8 mars, pour Zoubida Assoul, doit être une occasion pour faire le point de situation sur les droits de la femme en Algérie. « La volonté politique affichée lors de l’amendement de la Constitution doit se traduire par des mécanismes efficients », observe-t-elle, insistant sur la nécessité de l’accès aux femmes au domaine politique « Donnez-nous une chance. La femme a une pratique politique spécifique et saine, basée sur des idées, des propositions et des débats constructifs », soutient-elle. Mme Assoul déplore aussi le faible taux des femmes dans les hautes fonctions de l’Etat. « 44% des magistrats sont des femmes mais il y a une seule femme au poste de procureur général sur 38. De même pour les ministres, les femmes ne doivent pas se contenter des portefeuilles classiques, elles doivent accéder aux ministères souverains et aux postes supérieurs dans le secteur économique », précise-t-elle. Sa recette pour y arriver ? Travailler sur la sensibilisation, la vulgarisation et l’éveil politique pour la promotion des droits de la femme.
Ce que prévoit la nouvelle Constitution
Article 31 bis : L’Etat œuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d’accès à la représentation dans les assemblées élues.
Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique.