Plaidant pour une courte période de transition : Bouchachi : «Il ne peut y avoir de dialogue qu’après le départ du chef de l’Etat et du Premier ministre»

Plaidant pour une courte période de transition : Bouchachi : «Il ne peut y avoir de dialogue qu’après le départ du chef de l’Etat et du Premier ministre»

Faut-il aller ou pas vers une période de transition ? C’est la question que se posent les Algériens dès qu’ils évoquent les solutions possibles à la crise politique et institutionnelle que vit le pays depuis l’irruption du mouvement populaire le 22 février pour réclamer un changement du système. Pour maître Mustapha Bouchachi, un des acteurs les plus en vue du mouvement populaire, une période de transition vaut davantage «par le contenu qu’on y met durant ce passage», estimant que l’appellation importe peu et que sa durée ne doit pas être «très longue». Le plus important est de parvenir à «un consensus entre toutes les parties sur la nécessité d’aller vers cette transition», a indiqué à Reporters l’ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH). Il s’agit pour lui de désigner un président ou une instance présidentielle, acceptée par l’ensemble des Algériens, en remplacement de l’actuel chef de l’Etat Abdelkader Bensalah, dont le départ est considéré comme «prioritaire», ajoute Me Bouchachi. Pour ce dernier, la nouvelle direction désignée, que ce soit à travers une seule personne ou une direction collégiale, doit avoir les prérogatives d’un président afin de pouvoir promulguer les lois nécessaires qui permettraient de placer l’Algérie sur la voie du changement réclamé par des millions de citoyens. Cette nouvelle direction procédera, par la suite, à une large concertation avec l’ensemble des représentations politiques, syndicales et du Hirak pour la nomination d’un chef de gouvernement qui aura la mission de préparer les meilleures conditions pour la tenue d’une élection présidentielle réellement libre et transparente. Me Bouchachi a souligné que cette échéance devrait être préparée convenablement dans la mesure, où il n’est pas question d’une présidentielle «ordinaire», mais d’un scrutin qui devra marquer un changement de système. Il ajoutera que, pour organiser une élection présidentielle aux normes universelles, il est aussi nécessaire d’accorder du temps aux Algériens afin qu’ils puissent se préparer en s’organisant davantage dans des partis politiques, associations et divers collectifs. Une étape qui aura besoin d’une ouverture de l’espace public à toute manifestation politique. S’agissant de l’appel au dialogue, la semaine passée, fait par le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), Ahmed Gaïd Salah, Me Bouchachi a indiqué qu’il ne peut y avoir de dialogue qu’après le départ du chef de l’Etat et du Premier ministre. «Personne ne peut être contre le principe d’un dialogue », a-t-il souligné, ajoutant, cependant, que «l’ensemble des Algériens refusent tout dialogue avec le chef de l’Etat et le Premier ministre». Occasion pour lui de rappeler la conférence pour le dialogue à laquelle avait appelé chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, «avant de se rendre à l’évidence que le dialogue tel qu’il a été conçu et voulu n’était d’aucune utilité pour le pays» Pour Me Bouchachi, le départ de Bensalah et Bedoui est une condition pour amorcer un nouveau processus et dégager une feuille de route consensuelle de nature à déboucher sur une sortie de crise. En termes de priorité, Me Bouchachi considère que le départ de Bensalah revêt plus d’importance, dans la mesure où c’est lui qui nomme les gens dans des postes de responsabilités alors que le chef du gouvernement n’est chargé que des affaires courantes. Il a estimé, dans ce sillage, que dès lors que « le chef de l’Etat par intérim n’a pas pu organiser une élection présidentielle, sa mission première, on a imposé au pays une situation hors Constitution». La classe politique, pour rappel, est divisée quant à la voie de sortie de crise entre les
partisans de la transition et ceux d’une Assemblée constituante, réclamée notamment par le FFS, le PT et le PST.<