Ce mardi 22 novembre 2022, les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN) ont adopté à la majorité, lors d’une séance plénière, le projet de loi de finances pour l’année 2023.
Le texte du PLF 2023 comporte une série de mesures qui concernent, entre autres, l’investissement, la fiscalité, le pouvoir d’achat, etc. Mais la plus phare d’entre ces nouvelles mesures est sans doute celle qui touche le budget de la défense nationale pour 2023.
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Ainsi, le projet de loi de finances 2023 prévoit d’allouer à la défense un budget d’une valeur totale de 3186 milliards de dinars, soit plus de 22 milliards de dollars. Un budget militaire qui va donc plus que doublé par rapport l’année dernière. Car en 2022, celui-ci s’élevait à 1300 milliards de dinars (9 milliards de dollars). En termes chiffrés, le budget de l’armée pour l’année 2023 va augmenter de 1,886 milliards de dinars, soit près de 13 milliards de dollars. Cela représente une hausse de 145 %.
Cette revalorisation sans précédent du budget de la défense a été rendue possible par la forte augmentation des recettes d’exportation du pétrole en 2022. « La hausse des prix des hydrocarbures contribue à renforcer la reprise de l’économie algérienne après le choc de la pandémie. Les recettes exceptionnelles provenant des hydrocarbures ont atténué les pressions sur les finances publiques et extérieures », a indiqué le dernier rapport du FMI.
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Augmentation du budget de la défense nationale : quelles en sont les raisons ?
Cette hausse du budget militaire de l’Algérie se justifie en premier lieu par la nécessité de renouveler les équipements de l’Armée nationale populaire (ANP). Akram Kharief, journaliste spécialiste des questions de défense, explique sur le site de la RFI que « ces équipements ont besoin de mises à jour et d’améliorations, surtout ceux qui ont été achetés lors du gros accord de 2007, avec la Russie. Il s’agit de la flotte d’avions de chasse, de sous-marins et d’équipements antiaériens. Tout ceci nécessite une révision de moitié de vie ». Le spécialiste poursuit : « Je pense aussi que l’Algérie est en train de réfléchir à de nouvelles acquisitions et prépare la modernisation de son armée. »
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Parmi les raisons « secondaires » de cette augmentation, figure la question budgétivore de la revalorisation des pensions des retraités de l’armée. Akram Kharief mentionne aussi l’implication grandissante de l’armée Algérie dans le Sahel à travers, notamment, la collaboration avec les armées des pays voisins, comme le Niger et le Mali. « Je pense, affirme-t-il, que l’Algérie s’achemine petit à petit à l’établissement d’une sorte d’aide permanente à l’armée nigérienne pour faire face au problème de terrorisme. »
Du reste, les problématiques sécuritaires en Méditerranée représentent un enjeu de taille pour les autorités algériennes. Surtout après la détérioration récente des relations avec le voisin marocain en raison de profonds désaccords sur la question du Sahara occidental et du rapprochement diplomatique et militaire entre Rabat et Israël. D’ailleurs, en août 2021, l’Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc.
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