Plombée par une dette de 2 400 milliards de dinars : Sonelgaz en quête de nouvelles sources de financement

Plombée par une dette de 2 400 milliards de dinars : Sonelgaz en quête de nouvelles sources de financement

Le groupe Sonelgaz a arrêté un programme de développement ambitieux d’ici à 2026. La réalisation de ce plan d’action dépend, cependant, de ses capacités de financement, lesquelles ont été affaiblies par des dettes qui se chiffrent désormais à près de 2 400 milliards de dinars. Avec le concours de la Banque nationale d’Algérie (BNA), Sonelgaz a, d’ores et déjà, bénéficié d’un crédit long terme de 1 600 milliards de dinars, dont 1 300 milliards de dinars comme cumul, consommés dans différentes réalisations.

Le Groupe a également obtenu un financement de 380 milliards de dinars afin de parachever les programmes tracés d’ici à 2020. La société est tenue de recouvrer aussi les 61 milliards de dinars de créances détenues auprès des clients publics essentiellement, dont des administrations et des institutions. Pour le nouveau business plan 2020-2026, Sonelgaz a besoin d’un accompagnement de la part des banques de la place locale à travers, comme c’était le cas dans le passé, des crédits à long terme à un taux bonifié avec un différé de paiement.

Or, compte tenu de la situation difficile que traverse actuellement le secteur bancaire, il n’est plus aisé pour le Groupe de contracter des prêts auprès des institutions financières nationales. Cette nouvelle donne sur le marché a contraint les dirigeants du Groupe, à leur tête le P-DG Chaher Boulakhras, à quêter d’autres sources de financement, y compris l’endettement international.

Le recours au financement extérieur n’est, en effet, point un tabou aux yeux du P-DG du groupe Sonelgaz. “Les tarifs de la consommation de l’électricité et du gaz, qui n’ont pas connu une augmentation depuis des années, et les dépenses considérables de Sonelgaz en investissement, ainsi que la situation peu reluisante des banques font que l’endettement extérieur devient une nécessité pour l’entreprise”, avoue le P-DG du Groupe énergétique public.

Pour lui, c’est l’une des options qui se présente devant la société, afin de financer son programme de développement d’ici à 2025-2026. “Pour tous ces projets d’envergure, nous avons besoin du cash-flow”, argue-t-il. Une chose est certaine, l’exécutif de Sonelgaz est en train d’étudier quatre offres les plus intéressantes et les plus confortables possibles qui seront soumises par la suite au gouvernement. Celle (l’offre) qui n’exige pas une garantie souveraine de l’État semble attirer l’attention des responsables de Sonelgaz. 

Cap sur le renouvelable 
Grâce à cet apport financier, Sonelgaz pourra concrétiser sa transition énergétique tant attendue, en se dotant d’un mix énergétique qui n’utilisera plus les hydrocarbures, comme c’est le cas du gaz pour la production de l’électricité. Cela passe impérativement, bien entendu, par l’utilisation des énergies renouvelables.

L’opération est déjà enclenchée avec le programme de 5 600 mégawatts (MW) essentiellement en photovoltaïque (centrales solaires) dont les coûts ont enregistré une nette baisse. “Nous avons déjà réalisé des centrales photovoltaïques dans 14 wilayas pour une puissance totale de près de 400 MW. Le CREG vient d’ouvrir les plis pour une puissance de 150 MW supplémentaires qui s’ajouteront au projet de réaliser en EPC (Ingénierie, Approvisionnement et Construction) des centrales photovoltaïques d’une capacité globale de 50 MW au Sud pour l’hybridation des réseaux isolés”, a souligné M. Boulakhras au cours d’une conférence de presse qu’il a animée hier à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de la création de Sonelgaz.

En un demi-siècle d’existence, Sonelgaz a, selon le bilan présenté par son P-DG, réussi le challenge d’assurer une couverture quasi complète du territoire algérien en électricité avec un taux d’électrification de plus de 98% dès 2008. “Nous alimentons aujourd’hui près de 10 millions de clients répartis sur tout le territoire algérien, qu’ils soient installés au nord, comme au sud et dans les lieux difficiles d’accès en Algérie. Ils étaient à peine 700 188 clients en 1969”, indique Chaher Boulakhras. 

En gaz, le taux de pénétration est évalué “à plus de 62%, ce qui nous permet d’alimenter en gaz naturel plus de 5,6 millions de clients dans les meilleures conditions de sécurité et de continuité. Les clients gaz étaient à peine 168 000 en 1969”, précise-t-il. 

Pour alimenter tous les clients et afin de parvenir à leur garantir la puissance nécessaire, “notre parc de production de l’électricité a été multiplié par 33, passant de 626 MW en 1969 à près de 21 000 MW aujourd’hui”, affirme le P-DG de Sonelgaz. Pour les réseaux transport, celui de l’électricité est estimé à 360 000 km alors que celui du gaz dépasse les 122 000 km (2 200 km en 1969). Cette prouesse n’a été possible qu’avec la contribution des 92 000 agents que compte l’entreprise.

Outre la mise en place d’un nouveau modèle de consommation et d’efficacité énergétique, Sonelgaz se lance dans l’exportation à la fois de l’énergie, des compétences, des expertises, des équipements, de la maintenance… vers au moins sept pays africains dont la Libye. “Nous pouvons accompagner les pays africains voisins dans leurs projets énergétiques. Il faut que nous allions à la conquête de ce marché rapidement où la concurrence s’annonce déjà féroce”, relève Chaher Boulakhras.        
 

Badreddine KHRIS