Bien qu’il soit à sa phase de déclin, le terrorisme en Algérie a toutefois fait 200 victimes dans des attentats perpétrés en 2011. La petite criminalité a par contre fait 300 victimes durant la même période.
Partant de ces chiffres, il est fortement consenti que la petite criminalité est aujourd’hui devenue une sérieuse menace, alors que par le passé c’était plutôt le terrorisme qui représentait un danger pour le pays.
D’ailleurs, partant de ce constat, les plus hauts responsables chargés de la sécurité du pays n’ont pas caché leurs craintes face à la future «guerre» contre la nouvelle forme de menace, le crime organisé. Le général-major, le DGSN Hamel avait indiqué, à plusieurs occasions que le crime organisé constitue l’une des menaces les plus sérieuses qui guettent la sécurité en Algérie. Un avis partagé également par le ministre de l’Intérieur, Ould Kablia qui à, son tour, n’a pas sous-estimé le crime organisé, en disant que c’est un phénomène nouveau et qui serait en mesure de constituer un risque potentiel et majeur sur le plan sécuritaire. Même Messahel, ministre chargé des Affaires africaines et maghrébines, a parlé du crime organisé en affirmant que l’Algérie est appelée à affronter cette nouvelle menace, d’autant qu’il s’agit d’un phénomène nouveau.
Il est donc tout à fait clair que le crime organisé est en passe de devenir un sérieux « ennemi » des forces de sécurité. Un ennemi qui se développe, de jour en jour, tout en confirmant son danger au-delà du nombre des victimes engendrées en 2011. Ce nombre qui est de 300 confirme cette tendance. Selon les experts de la question sécuritaire, il est logique de parler d’une menace qui a pour nom le crime organisé, car après chaque période vécue sous les affres du terrorisme, par la suite, c’est le crime organisé qui l’a «remplacé». En Algérie c’est le cas. Durant la décennie noire, notre pays avait vécu des moments très difficiles qui se sont soldés par la mort des milliers d’Algériens. Une fois la tempête passée, l’Algérie connaît actuellement une autre forme de criminalité, le crime organisé. Certes, pour contrarier cette autre menace et autres formes de criminalité, l’Etat avait mis le paquet en s’adaptant mieux face à l’après-terrorisme. En se dotant de nouveaux équipements modernes et en améliorant la qualité de performance de ses forces de sécurité, l’Algérie aura, ainsi, mieux préparer la prochaine «guerre» contre le crime organisé. Le grand souci de cette grande mobilisation c’est bien entendu de protéger le territoire du pays et les biens et les personnes contre toutes formes de criminalité.
100 «taxieurs» clandestins assassinés en une année
Au mois de novembre passé, à Ain Bénian, un jeune clandestin propriétaire d’une Atos, âgé de 32 ans avait été assassiné par une jeune fille âgée de 28 ans, et ce, à l’aide d’un tournevis. Quelques jours avant, un autre crime avait eu lieu cette fois-ci dans la commune de Birkhadem ; ici, un autre jeune, âgé de 32 ans, possédant une Renault Mégane, avait été mortellement poignardé par une autre fille qui était accompagnée par deux de ses sbires. A Biskra, la gendarmerie avait élucidé, en décembre dernier, un autre meurtre ayant ciblé un taxi clandestin, dont les assassins au nombre de trois, parmi eux une femme, avaient été arrêtés. En 2011, plus de 100 taxis clandestins ont été assassinés par des criminels, agissant souvent sous forme d’associations de malfaiteurs. Les bandes de malfaiteurs ciblent de plus en plus les taxis clandestins, leur but étant de s’emparer de leurs véhicules qui seront par la suite acheminés vers la casse. Ici, ces véhicules seront complètement désossés sous forme de pièces détachées afin de brouiller les pistes des forces de sécurité, mais surtout d’arriver à vendre, le plus rapidement, ces véhicules volés, à des prix beaucoup moins chers. C’est le cas du crime commis contre le jeune chauffeur de Ain Bénian, ce dernier a été assassiné par une fille et son acolyte, un jeune natif de Birkhadem, voire le voisin du jeune clandestin tué, le véhicule de la victime a été transféré par la suite à la casse de Bordj Bou Arreridj, afin de le vendre en pièces détachées dans ce «cimetière» des voitures. Allant de mal en pis, les criminels qui ciblent souvent les taxis clandestins, ont accentué leurs activités, d’autant que le «butin» se dénombre par des dizaines de millions de centimes. Durant le mois de rRamadhan dernier, cinq chauffeurs de taxi clandestins ont été assassinés, alors qu’un autre a eu la vie sauve grâce à sa vigilance. La veille du ramadhan de l’année passée, un jeune chauffeur de taxi clandestin a été tué dans la wilaya de Djelfa.
Les assassins ont pris sa voiture, une Renault Clio. Deux jours après ce drame, un autre crime crapuleux avait ciblé un autre chauffeur de taxi clandestin commis à Sidi Bel-Abbès, dans la localité de Hçaiba. Un homme d’une quarantaine d’années a été surpris par l’attaque de quatre individus. Ce père de trois enfants sera assassiné par ses agresseurs dans le seul but de lui subtiliser son véhicule. Deux crimes crapuleux seront également enregistrés respectivement à Blida et M’sila, les 15 et 17 août derniers, le premier à Bab Essebte, le second dans la localité de Béni M’sil. Le dernier assassinat du mois sacré de l’année dernière remonte au 19 août dernier, lorsque le nommé G. L., 52 ans, père de cinq enfants résidant à Boufarik et chauffeur de taxi clandestin, a été sollicité par trois individus pour les conduire à Haouch Gros, une localité distante de quelques kilomètres du centre-ville de Boufarik. Le prix de cette course a été conclu à 500 DA et l’Accent fonce vers sa destination. Les trois auteurs du crime sont toujours en fuite, pis, ils n’ont toujours pas été identifiés. D’après l’enquête qui se poursuit, les trois agresseurs se connaissent parfaitement. Arrivés près d’une forêt, non loin de Haouch Gros, les clients, prétextant un besoin urgent, avaient demandé au chauffeur de s’arrêter.
Une fois la voiture immobilisée, l’un des trois clients avait bloqué le frein à main afin d’empêcher le chauffeur de se dégager de la ceinture de sécurité et lui assène plusieurs coups de poing au niveau du visage et de la poitrine. La victime avait été ensuite emmenée dans un lieu désert, pendue à un arbre et brûlée vive. Alertée ce jour-là par les citoyens, la Protection civile accompagnée de la BMPJ de Boufarik s’est déplacée sur le lieu du crime. La victime avait été transportée à l’hôpital de la ville. Cela faisait plus de dix ans qu’il était chauffeur de taxi clandestin et travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille. La recrudescence des assassinats ciblant particulièrement les chauffeurs de taxi clandestins est à déplorer.
S.A.