De janvier à septembre derniers, les services de police ont recensé 5620 cas de violence contre les femmes à travers le territoire national, selon un communiqué de la DGSN avant-hier lundi. « Les services de la sûreté nationale ont enregistré 5 620 cas de violence contre les femmes dont des cas de violence physique, de coups et blessures volontaires entraînant la mort et d’homicide volontaire outre l’agression, le harcèlement sexuel et la maltraitance », a, par ailleurs, fait savoir la commissaire de police, Wahiba Hemaili.
Lors d’une conférence organisée par le forum de la sûreté nationale à l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, et de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, célébrées respectivement, le 20 et le 25 novembre de chaque année, cette responsable fait état d’une baisse de ces cas de violence à l’égard des femmes par rapport à la même période de l’année 2018, ayant enregistré 7 061 cas.
Pour les défenseurs des droits humains et les associations, les chiffres fournis par les services de police ne reflètent pas la réalité, car la majorité des victimes ne portent pas plainte ou ne signalent pas les violences qu’elles subissent, notamment en milieu domestique et familial.
C’est d’ailleurs pour cette raison que la commissaire Hemaili a insisté sur « l’importance de la sensibilisation et du signalement de la violence sous toutes ses formes », assurant, lors de son point de presse, que « la police intervient après le signalement qui demeure le meilleur moyen de prévention contre les violences ».
Dans le monde entier, l’année 2019 reste marquée par une plus grande mobilisation contre les violences faites aux femmes. Cette semaine a vu par exemple de nombreuses manifestations importantes dans différents pays pour dénoncer ces violences. Avant-hier lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à mettre un terme à la violence à l’égard des femmes et des jeunes filles. « J’appelle les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les gens du monde entier à adopter une position ferme contre la violence sexuelle et la misogynie », a-t-il déclaré dans un message vidéo.
L’appel de la CPI
« Nous devons faire preuve d’une plus grande solidarité envers les survivantes, les avocats et les défenseurs des droits des femmes. Et nous devons promouvoir les droits et l’égalité d’opportunités des femmes. Ensemble, nous pouvons – et nous devons – mettre fin aux viols et aux agressions sexuelles de toutes sortes », a-t-il dit. Les Nations unies sont déterminées à mettre fin à toutes les formes de violences à l’égard des femmes et des jeunes filles, a-t-il affirmé.
Ces crimes sont parmi les plus horribles, les plus persistants et les plus répandus des violations des droits humains, affectant une femme sur trois dans le monde, a expliqué M. Guterres.
Pour sa part, la Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a affirmé que les crimes contre les femmes et les enfants constituent une véritable offense contre l’humanité tout entière et leurs effets nocifs « hantent notre conscience collective ». « Il nous faut toutefois admettre qu’il reste encore beaucoup à faire. Il est en effet inacceptable que les violences faites aux femmes et aux jeunes filles restent une cause majeure de décès, d’invalidité et de problèmes de santé alors que l’impunité, la stigmatisation et le sentiment de honte persistent », a plaidé la Procureur de la CPI, dont le mandat l’autorise à enquêter et à traduire en justice notamment les auteurs de crimes internationaux portant sur les violences sexuelles contre les femmes. « En tant que Procureur de la Cour pénale internationale, je crois que le droit et l’action judiciaires sont de formidables outils pour faire la lumière sur ces crimes effroyables, punir leurs auteurs et permettre aux victimes de se faire entendre », a-t-elle dit.
S’agissant des enfants victimes de la violence, les services de la DGSN, a-t-elle ajouté, ont recensé 4 597 cas (2 798 garçon et 1 799 filles) durant les sept premiers mois de 2019 dont 2 499 affaires relatives aux coups et blessures volontaires, 461 (maltraitance), 232 (détournement de mineurs), 7 (coups et blessures volontaires entraînant la mort) et 7 (homicide volontaire). Après avoir salué les mesures réglementaires prises par la DGSN visant la consécration de la protection de l’enfance et des catégories vulnérables, la même intervenante a indiqué que la lutte contre la violence à l’égard de la femme et la protection de l’enfance étaient une « responsabilité collective », appelant à « l’intensification des efforts en vue de réaliser cet objectif ».
Selma Allane