Le mal est quotidien : la drogue touche tous les sujets, sans distinction d’âge, et détruit, à court et à long termes, l’ossature de toute la société.
L’heure n’est pas aux chiffres. Elle n’est pas, non plus, aux statistiques des saisies quotidiennes opérées aux frontières, dans les quartiers, les écoles et autres domiciles où la drogue fait des dégâts, souvent, irréparables. La progression du phénomène de consommation de la drogue chez les jeunes se traduit par une montée de la violence dans la société, à tel point que le fléau est vite assimilé aux crimes émergents, autrefois sous-estimés. C’est ce qui ressort de la conférence nationale sur la lutte contre la drogue, une rencontre organisée, hier, par l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Les participants sont unanimes quant à la relation directe entre la consommation de la drogue et la violence. “Les drogues psychoactives détruisent la société et font bon ménage avec la violence”, estiment les experts. Plus de 50% des cas enregistrés au niveau des tribunaux sont intimement liés à la violence conjugale, la violence dans les écoles et les universités, les rues et les quartiers, les stades de football, les cybercafés. Plus grave encore, les spécialistes estiment que la consommation des drogues illicites est plus élevée chez les adolescents ayant, souvent, des démêlés avec la justice. Avec une moyenne de 60 tonnes de drogue saisies en 2009 et plus de 130 tonnes de drogue récupérées en 2014, on a l’impression que la résine de cannabis n’inquiète guère les jeunes.
“Madame courage” : la drogue des riches et des pauvres
Aussi abracadabrant que cela puisse paraître, “Madame courage”, en l’occurrence le comprimé de psychotrope, domine la tendance face aux drogues des riches, en l’occurrence la cocaïne et l’héroïne, avec un taux dépassant les 3 000% ! Communément appelée zetla, ou drogue des pauvres, celle-ci ravage tous les milieux. Pour preuve, plus de 30% des jeunes drogués présentent une consommation problématique, des sujets récupérables à temps, et plus de 70% représentent une consommation à risque, c’est-à-dire irrécupérables sans un internement dans des centres de désintoxication. Au niveau des 37 centres de désintoxication, l’absence de la société civile rend davantage la problématique assez complexe.
En ce sens, cette “anecdote de proximité” vaut le détour : comment un délinquant, muni d’un sabre, pouvait surprendre un agent de l’ordre public, en le mettant en confiance, l’attaque avec un sabre et le blesse grièvement s’il n’était pas sous l’effet de psychotropes ou d’une drogue dure ? Mieux, la psychopharmacologie démontre que certaines drogues, comme le kif traité en provenance du Maroc, ont une dangereuse propriété : agir sur le système nerveux pour activer les centres de l’agressivité, de l’impulsivité et des inhibitions.
À défaut : tuer tout court tout sujet qui résiste, et ce, avec tous les ajouts de matières cancérigènes des substances traitées au Rif marocain avant son acheminement.
Le cannabis gangrène les nouvelles cités
Autre facteur dangereux : le financement de la consommation quotidienne. Celui-ci, soutiennent nos interlocuteurs, débouche, souvent, sur des drames familiaux, voire sur des meurtres ou encore sur des agressions mortelles dans les domiciles, dans les établissements scolaires et hospitaliers. Comme ce fut le cas d’une maman sauvée de justesse par les services de sécurité au moment où son fils allait l’égorger pour avoir refusé de lui donner de l’argent pour payer sa zetla. La répression des policiers et des gendarmes est souvent assimilée à de la hogra.
Des batailles rangées entre narcotrafiquants se disputant des territoires pour vendre la drogue sont fréquentes. Les cas de la cité 1 600-Logements de Sebala (El-Achour) et Tessala El-Mardja (Birtouta) illustrent à bien des égards cette tendance. Face à cette situation, les conférenciers sont confrontés au même fléau qui touche les adultes.
Ces derniers sont doublement dangereux, du fait qu’ils passent facilement à l’acte et commettent l’irréparable, les cellules d’écoute et de l’action préventive (CEAP-DGSN) et les brigades de la protection des mineurs, devront intervenir, ce matin, pour faire des propositions concrètes aux psychologues et aux médecins spécialistes afin de les inclure dans les recommandations.
F. B.