Plus de 9 millions d’élèves rejoignent l’école aujourd’hui : Une rentrée des classes et temps de crise politique

Plus de 9 millions d’élèves rejoignent l’école aujourd’hui : Une rentrée des classes et temps de crise politique

La cloche de la rentrée scolaire 2019/2020 a sonné. Ils sont 9 110 000 élèves, dont 115 000 nouveaux inscrits, à rejoindre ce matin les bancs des classes dans les trois cycles, primaire, moyen et secondaire.

Une rentrée bien particulière pour tout ce beau monde de scolarisés ainsi que pour les personnels du secteur de l’éducation qui retournent à l’école dans la même atmosphère qui les avait vus la quitter en début d’été. Celle d’une crise politique qui marque le pays depuis plus de 6 mois et qui risque de perdurer au vu des dernières évolutions de la scène politique face à un mouvement populaire qui continue de rejeter en bloc la voie constitutionnelle et réclame un changement réel. C’est pourquoi, d’ailleurs, les Hirakistes ont été nombreux à travers le pays à renoncer aux vacances, poursuivant leurs marches du vendredi, de même que les étudiants les mardis, sans trêve ni répit, défiant la chaleur caniculaire record des mois de juillet et août. Cette détermination estivale du mouvement de contestation a livré suffisamment de signes qui annoncent son renforcement en cette rentrée scolaire. En témoigne la démonstration de force effectuée, hier, par les étudiants, au lendemain du discours du chef d’état-major appelant à la convocation du corps électoral pour ce 15 septembre.
De leur côté, les syndicats de l’éducation nationale ont déjà fait part de leur décision de continuer à bouder les invitations au dialogue en provenance du ministère de tutelle et à maintenir leur démarche inscrite dans l’esprit du Hirak. Une tutelle dont le ministre, Abdelhakim Belabed, a, quant à lui, annoncé une rentrée scolaire avec un cours inaugural qui portera sur la situation politique que vit le pays. «Le cours inaugural de la rentrée scolaire 2019/2020 portera sur la situation que traverse le pays actuellement, car l’école ne saurait rester en marge de ce qui se passe», a, en effet, annoncé, jeudi dernier,
M. Belabed. Ce dernier se trouve aujourd’hui à In Salah, dans le sud du pays, d’où sera donné le coup d’envoi officiel d’une rentrée qui ne ressemble pas à celles qui l’ont précédée. Mais, avant de faire jouer son interprétation de la situation politique du pays et faire valoir, peut-être, sa version du dialogue en guise de cours inaugural, le gouvernement a déjà sorti le grand jeu pour tenter d’apaiser les esprits en décidant, à la veille de la rentrée, de porter la prime de scolarité à 3 000 DA pour les 9 millions d’élèves des trois paliers, alors que les élèves aux parents démunis, estimés à 3 millions, voient leur prime de solidarité passer de 3 000 à 5 000 DA. Une initiative assimilée à une mesure visant à acheter la paix sociale pour certains, même si une majorité des parents d’élèves n’est pas prête à rejeter des primes qui ont valeur de bouée de sauvetage en ces temps pénibles pour le pouvoir d’achat.
Côté infrastructures, et comme chaque année en pareille circonstance, le ministère ressort la carte des nouvelles réalisations pour améliorer les conditions d’accueil des élèves. En chiffres, M. Belabed parle de la réception de 656 établissements éducatifs, dont 426 primaires, 137 collèges et 93 lycées, outre 161 autres prévus à la fin de l’année en cours. Sur le registre pédagogique, ces nouveaux établissements pourront compter sur un renfort estimé à 8 040 nouveaux postes budgétaires par le premier responsable du secteur, dont 1 061 postes pédagogiques venant s’ajouter aux 749 000 fonctionnaires au niveau des établissements éducatifs, qui s’élèvent à plus de 27 000.
Cette démarche devrait profiter aux diplômés des Ecoles normales supérieures (ENS), qui seront recrutés en vertu d’une autorisation accordée par le Premier ministre dans ce sens, a aussi fait savoir M. Belabed, ajoutant que son département fera recours aux listes de réserve en vigueur en cas de besoin.
Ce dernier promet également une restauration scolaire avec 94% des cantines ouvertes, mais aussi un renforcement du transport scolaire et l’amélioration des conditions de prise en charge des élèves avec l’acquisition de 1 000 nouveaux bus dans le cadre du programme adopté par le gouvernement pour l’acquisition de 3 500 bus. Les élèves aux besoins spécifiques ne sont pas en reste de cette opération d’amélioration des conditions de scolarité. Ils bénéficieront de 186 nouvelles classes, portant leur nombre à 851.