Selon le think tank américain PewResearch Center qui se base sur les données de l’Office de la migration internationale des Nations unies 930 000 personnes nées en Algérie vivaient à l’étranger en 1990.
Le chiffre passe à 1 040 000 en 2000 et 1 710 000 en 2010 pour s’établir à 1 770 000 en 2013. Les chiffres sont tirés d’une carte publiée le 2 septembre par le think tank américain. La carte détaille les pays d’origine et de destination des flux migratoires dans le monde.
Les chiffres confirment en données brutes que la crise violente des années 90 a été le début d’un nouveau grand flux migratoire des Algériens et s’est poursuivie dans les années 2000, marqué par un reflux des violences. Entre 1990 et 2000, alors que les violences étaient généralisées, il y a eu un accroissement très modéré de 110000 nouveaux expatriés algériens. Mais dans les années 2000, ce sont 670000 nouveaux expatriés qui se sont rendus en Europe, en France notamment, ou en Amérique du Nord (Canada).
Entre 2010 et 2013, ce sont 60 000 nouveaux expatriés qui ont été enregistrés. Ainsi, contrairement à une idée reçue, le grand départ n’a pas eu lieu dans les années 1990 mais dans la décennie 2000. cependant les années 1990 ont bien été les déclencheurs d’un mouvement qui n’a pas été stoppé par le reflux des violences.
Fuite des élites
Le tableau des migrations confirme quelque peu l’hypothèse émise par des chercheurs, à savoir que l’Algérie a perdu durant ces deux décennies une grande partie des cadres formés dans les universités du pays dans les décennies 1970 et 1980. La France représente la principale destination des Algériens.
La répartition est beaucoup moins équilibrée pour l’Algérie. Sur les 1 770 000 Algériens vivant à l’étranger, 1 460 000, soit 82 %, se trouvent en France. La deuxième communauté algérienne à l’étranger la plus nombreuse, loin derrière celle de la france, se trouve en Espagne, qui compte 60 000 immigrés algériens.
Les Algériens quittent également leur pays pour vivre chez les voisins. Les chiffres, peu précis, indiquent que 20 000 se sont établis au Maroc et 10 000 en Tunisie entre 1990 et 2013. Ils représentent les communautés d’étrangers les plus nombreuses dans les deux pays.
Le flux migratoire des maghrébins vers l’Algérie est moins important. Le nombre de Marocains vivant en Algérie est inférieur à 10 000 et celui des Tunisiens encore plus bas : il ne dépasserait pas les 1 000. L’Algérie accueille plutôt les réfugiés, notamment du Sahara occidental (100 000), suivie de la Palestine (60 000) et de la Somalie (20 000). Le nombre total d’immigrés vivant en Algérie est estimé à 270 000, loin devant les 50 000 au Maroc et les 40 000 en Tunisie.