La droite conservatrice a reçu une douche froide dimanche soir, après la publication des résultats des législatives qui ont permis l’entrée en jeu de nouvelles forces politiques en Espagne pour la première fois en quarante ans.
L’Espagne a amorcé, hier, une nouvelle ère politique qui rompt avec le système de gouvernance bipartite, sur lequel droite et gauche s’alternaient depuis la fin du Franquisme, il y a trente ans. Après avoir perdu la majorité absolue au Parlement, face à de nouvelles formations politiques Podemos (Gauche radicale) et Ciuadadnos (Centre-droit), le Parti populaire (conservateur) du Premier ministre sortant Mariano Rajoy se trouve dans une véritable impasse. Sa politique d’austérité, alignée sur celle de l’Union européenne, a été contre-productive.
Outre le Parti socialiste, qui a eu 22% des suffrages et 90 des sièges aux législatives de dimanche, son plus mauvais score en quarante ans, Podemos a affirmé, hier, qu’il voterait contre la reconduction de Mariano Rajoy à la tête du prochain gouvernement, alors que le parti libéral Ciudadanos a indiqué qu’il s’abstiendrait, ce qui ne laisserait aucune chance à M. Rajoy d’être investi. “Le PSOE (parti socialiste) va agir avec prudence et responsabilité, mais le PSOE va voter non au Parti populaire et à Rajoy”, a déclaré le secrétaire d’organisation du PS espagnol. “Podemos ne permettra, d’aucune manière, un gouvernement du PP”, a, de son côté, déclaré Pablo Iglesias, le leader de 37 ans de parti issu du mouvement Indignados (indignés). Podemos est arrivé en troisième position avec 20,6% des voix qui lui permettent d’obtenir 69 sièges dans la nouvelle Assemblée. “Notre message à l’Europe est clair.
La souveraineté est la priorité pour nous en termes d’organisation du système politique”, a rappelé, hier, Pablo Iglesias, lors d’une conférence de presse à Madrid, a rapporté l’AFP. Mais rien n’est encore joué pour le Parti populaire qui dispose de 127 sièges sur un total de 350.
Contrairement à Podemos qui défend l’option de l’autodétermination et défend “la diversité des peuples d’Espagne», le PSOE et le PP sont d’accord sur certaines questions de fond comme leur refus de l’indépendance de la Catalogne.
Par ailleurs, les deux partis divergent totalement dans leurs choix économiques. Le Parti socialiste est contre la poursuite de la politique d’austérité dictée par Bruxelles, tout comme il demande l’abrogation de l’actuel code du travail. La Constitution prévoit que le roi désigne, après consultations, un candidat chargé de former un cabinet qui doit être investi par la chambre.
Pour ce faire, il doit obtenir la majorité absolue des sièges, 176 sur 350. En cas d’échec, l’investiture est possible à la majorité simple, que Mariano Rajoy n’obtiendrait pas. Comme l’a noté le célèbre quotidien de gauche espagnol El Pais, dans son éditorial d’hier, “le Parlement sera un Parlement de minorités, où aucun parti ne sera en mesure d’agir seul, vu qu’aucun n’approche de la majorité absolue”.
Après la Grèce et le Portugal, où la politique d’austérité a provoqué la chute de la droite, c’est donc au tour de l’Espagne de passer le test d’une nouvelle gouvernance.