Poète dans le sang. Il vit à Paris depuis une vingtaine d’années, mais son coeur et son âme sont restés à Ifigha, cette localité paradisiaque, sise au coeur de la Kabylie, dans cette Algérie inoubliable.
Abder Zegout vient de publier un nouveau recueil de poèmes chez son éditeur habituel, l’Harmattan, à Paris. A l’instar de la majorité de ses recueils de poésie, Abder Zegout a choisi d’intituler son nouveau livre avec juste un mot, un mot qui en dit long sur la portée de sa pensée et de sa sensibilité d’aède.
«Parfois, voire souvent, un mot, à l’instar d’une image, peut résumer tout ce qu’on veut dire dans un livre où dans tout un film», nous confie Abder Zegout, qui fait inlassablement des allers-retours continuels entre Alger et Paris afin de se ressourcer, mais aussi pour revisiter infiniment ces lieux qui le hantent toujours car c’est sous ce soleil qui réchauffe le coeur et le corps qu’il a vécu son enfance et les premiers pas de son adolescence.
Venir en Kabylie aussi, c’est revoir cette mère tant aimée comme toutes les mères. Poétesse également, elle est sans doute pour beaucoup dans le don hérité par Abder Zegout pour les belles-lettres. Même si les poèmes de la mère sont en kabyle et ceux du fils sont en français, l’objectif est le même: s’exorciser.
Dans «Vigilance», Abder Zegout a encore pétri les mêmes mots pour la énième fois, mais pour aboutir à d’autres «recettes» et à d’autres poèmes dont la profondeur ne cesse de s’aiguiser au fil des années. En fait, avoue Abder Zegout, dans chaque nouveau livre qu’il écrit, il va encore plus loin dans son âme en explorant des zones d’ombre qu’il n’a jamais soupçonnées auparavant. C’est comme faire connaissance avec une femme. Plus on la côtoie, plus on découvre d’autres facettes de sa personnalité. On retrouve d’ailleurs le thème inépuisable de l’amour dans «Vigilance».
Il y est question de nostalgie, de romantisme, de terre nourricière, quittée, mais guère oubliée… Abder Zegout consacre une partie de ses poèmes à dénoncer l’injustice des hommes. Il s’en prend avec un style poétique propre à lui à l’hypocrisie sociale dont il est un fervent pourfendeur. Abder Zegout marie l’art des vers avec celui de la peinture puisque «Vigilance» est un ouvrage illustré. Pour ce, Abder Zegout a fait appel à l’artiste-peintre Camille Candiani. Elisabeth Candiani-Rodstein souligne au sujet du poète Abder Zegout: «Que ce soit à la fête de l’Humanité ou au Marché de la poésie où on le trouve parfois, Abder Zegout demeure toujours cet infatigable marcheur qui parcourt avec une joie et un dynamisme sans fin, les rues de Paris.
Lorsque l’on connait Abder Zegout, on peut soit l’apprécier soit le détester… Et ceux qui ne l’aiment pas, sont en général jaloux de sa liberté d’expression sur quelque sujet que ce soit, son éternelle indépendance et sa critique vis-à-vis de la société avec ses non-dits et ses innombrables cachoteries».
L’auteur de la préface rappelle enfin que l’écriture de Abder Zegout évolue: il lui devient plus facile d’exprimer ses pensées secrètes et intimes, «Vigilance» est sa dernière preuve. Féru de livres et de littérature, Abder Zegout ne rate jamais la période de la tenue du Salon international du livre d’Alger pour s’y rendre et baigner pendant plus d’une semaine dans cette ambiance où le tube digestif prend congé et cède la place aux nourritures de l’esprit.
On l’a rencontré au Sila où il a éprouvé un réel plaisir à parcourir les différents stands pour découvrir cet univers magique qui ne cesse de le séduire, depuis qu’il a commencé à accoucher de ses premiers vers à l’âge de l’adolescence. Durant cet événement culturel majeur, Abder Zegout a profité de cette occasion pour saluer les auteurs qu’il a l’habitude de rencontrer au Salon du livre de Paris. Abder Zegout regrette une chose: le fait que sur les 16 livres qu’il a publiés, seul un ouvrage a été édité en Algérie. Mais, se réconforte-t-il, il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est pourquoi, l’un de ses projets immédiats, c’est d’éditer un recueil de poèmes dans son pays après plus de deux décennies de traversée du désert.
Une éclipse qui n’a fait qu’attiser les feux de l’amour qu’éprouve toujours Abder envers l’Algérie et la Kabylie, une Kabylie présente dans tous ses textes, d’une manière directe ou indirecte. A travers sa terre, son soleil, ses arbres et ses ombres indélébiles. Surtout pour un poète dont la tendresse de l’âme n’a d’égale que cette patience à titiller sa muse et à se servir de sa plume sans se lasser.