Dans un effort pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens et contrer les augmentations de prix injustifiées, le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national a émis des directives strictes à toutes les directions commerciales du pays.
Ces instructions visent à assurer l’application rigoureuse du plafonnement des prix sur certains produits agricoles de large consommation.
La direction du Commerce de la wilaya de Timimoun a été parmi les premières à mettre en œuvre ces mesures de contrôle. Elle a annoncé que les opérateurs économiques actifs dans le commerce des fruits et légumes sont désormais tenus de respecter les prix maximaux suivants :
- Pommes de terre : 100 dinars algériens le kilogramme.
- Bananes : 400 dinars algériens le kilogramme.
- Pommes : Entre 350 et 450 dinars algériens le kilogramme.
Les cafétérias ne sont pas épargnées par cette réglementation. Une tasse de café ne pourra désormais être vendu au-delà de 30 dinars algériens, a précisé la direction du commerce.
Les autorités ont clairement indiqué qu’elles ne toléreront aucune infraction à ces réglementations. Des mesures légales strictes seront appliquées à l’encontre des contrevenants, allant de la saisie et du retrait définitif des marchandises jusqu’à la transmission des dossiers aux instances judiciaires compétentes.
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Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un suivi continu du circuit de commercialisation des produits agricoles et vise à garantir la stabilité des prix afin de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs algériens.
Hausse des prix du tabac et essor du marché parallèle : un défi pour les autorités
Alors que le gouvernement renforce son contrôle sur les prix des produits de première nécessité pour protéger les consommateurs, d’autres secteurs, comme celui du tabac, connaissent des augmentations tarifaires massives, entraînant des conséquences inattendues.
En effet, les récentes publications au Journal officiel n°23 du 22 avril 2025 confirment les augmentations substantielles des prix des cigarettes et du tabac à priser en Algérie, actées par les arrêtés interministériels du 16 mars 2025. Ces hausses, bien que prévues par le gouvernement, semblent avoir un effet pervers : un essor considérable du marché parallèle.
Depuis le début de l’année, les fumeurs algériens ont vu le prix de leurs paquets s’envoler. Une enquête menée dans la capitale révèle que des marques phares comme Marlboro ont grimpé jusqu’à 500 DA le paquet, soit une augmentation de 120 DA par rapport à fin 2024.
Cette flambée tarifaire a inévitablement poussé de nombreux consommateurs vers des alternatives moins coûteuses, alimentant un marché de la contrebande déjà bien établi.
Les buralistes de la capitale témoignent d’une demande croissante pour les cigarettes de contrebande, proposées à des prix défiant toute concurrence. Un phénomène d’autant plus préoccupant que, selon les professionnels du secteur, une méconnaissance généralisée des différences entre les produits légaux et illégaux persiste tant chez les vendeurs que chez les acheteurs.
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Pourtant, la loi de finances 2025 avait introduit une augmentation du droit additionnel sur les produits tabagiques, passant de 50 à 65 DA par paquet, soit une hausse de 15 DA. Officiellement, cette mesure était censée avoir un impact modéré sur les prix.
La réalité sur le terrain est tout autre, avec des augmentations dépassant largement ce seuil, atteignant parfois jusqu’à 40 DA de plus par paquet par rapport aux tarifs fixés par l’arrêté interministériel de mai 2024.
Face à la hausse des prix du tabac, comment les autorités algériennes peuvent-elles freiner l’essor du marché parallèle ?
Face à cette expansion du marché parallèle et aux pratiques illégales qui en découlent, les autorités avaient annoncé, dans le cadre de la même loi de finances, un renforcement des mécanismes de régulation du circuit de distribution du tabac. L’objectif affiché est une lutte plus efficace contre la fraude et la spéculation.
Les efforts des forces de sécurité se sont intensifiés, et les saisies de tabac de contrebande ont explosé en ce début d’année. Selon un communiqué du ministère de la Défense nationale, pas moins de 504 quintaux – soit plus de 50 tonnes – ont été interceptés aux frontières entre janvier et mars 2025.
Le mois de mars, coïncidant avec le Ramadan, a été particulièrement marqué par ce trafic, avec plus de 300 quintaux confisqués, dont 140 rien que durant la deuxième semaine. À titre de comparaison, 90 quintaux avaient été saisis en janvier et environ 110 en février.
Cette progression alarmante du marché illégal est une conséquence directe de la hausse significative des prix sur le marché officiel. Depuis le 1er janvier, le prix du paquet a augmenté de 30 à 40 DA, résultat de l’alourdissement des taxes sur les produits du tabac.
Le résultat est sans appel : de nombreux fumeurs se tournent vers le marché parallèle, où le tabac de contrebande, échappant à toute fiscalité, est vendu à des prix bien inférieurs.
La recrudescence de la contrebande de tabac met en lumière un double défi pour les autorités : une lutte sécuritaire accrue contre les réseaux transfrontaliers et une réflexion fiscale approfondie sur le coût social et économique du tabac.
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En attendant une stratégie globale qui combine prévention, une taxation équilibrée et une lutte implacable contre les trafics, l’Armée nationale populaire et les autres services de sécurité maintiennent la pression.
Il est crucial de noter que les cigarettes issues du marché parallèle sont souvent non conformes aux normes sanitaires, dépourvues de contrôle qualité et potentiellement plus nocives. De plus, cette situation pénalise les fabricants et distributeurs légaux, entraînant une diminution de leurs parts de marché et nuisant à l’investissement et à l’emploi.
La forte consommation de tabac en Algérie, particulièrement chez les jeunes, continue d’alimenter cette demande, exacerbée par un pouvoir d’achat limité.