Le secteur de l’importation censé apporter un plus à une économie boiteuse de par l’absence de production, est transformé en moyen de transfert frauduleux de fonds en devises vers l’étranger.
S’adonnent à cette malversation «légale» des opérateurs véreux, versés dans l’importation de tout et de n’importe quoi. L’essentiel consiste à transférer le plus possible de fonds en devises au nom de l’importation de produits de diverses natures: illicites, interdits à la consommation et de la camelote entre autres. Ces produits ont non seulement transformé le marché national en une décharge internationale, où les produits made in China sont en pole position, mais surtout oeuvrent volontairement et consciemment à sa saignée. Cette dernière gangrène l’économie, depuis l’ouverture de l’économie de marché et depuis janvier 2009, date à laquelle l’Algérie a adhéré à la Zale (Zone arabe de libre- échange) d’où les cas de majoration de valeur des marchandises importées.
Une pratique affectant les réserves de changes officielles puisqu’elle est à l’origine de gros transferts illicites de devises. Ces dernières sont opérées dans le cadre des importations relevant des zones de libre-échange, où les opérateurs bénéficient de la franchise des droits de douane. D’où le constat des infractions qui portent essentiellement sur des importations réalisées dans le cadre des accords signés par l’Algérie avec l’UE et la Zale.
Situation très inquiétante notamment en cette période de crise où l’économie nationale a grandement besoin de toutes les volontés économiques pour réaliser le manque à gagner occasionné par la chute de la rente pétrolière, contraignant le recours à un plan d’austérité. Intervenant en pleine période de réformes, engagées par le président de la République, ces réformes touchant toutes les institutions d’Etat confondues, visent à booster l’économie nationale et faire des structures portuaires en particulier, notamment des bases économiques par excellence à l’image du port d’Annaba, qui se place au premier plan des ports nationaux. Cette structure portuaire cumule depuis ces dernières années des scandales en tous genres. Depuis les fausses déclarations douanières jusqu’au gonflement des factures et les infractions au Code de change, en passant par le transfert illicite de devises vers l’extérieur, situation suscitant l’inquiétude à plus d’un égard. Ce qui explique la guerre déclarée par le département de Kaddour Bentahar contre ces infractions antiéconomiques. Ainsi durcissant les opérations de contrôle, les éléments de douanes algériennes du port d’Annaba ont, pour une raison ou une autre, saisi depuis le début de l’année en cours 176 conteneurs de produits divers d’un montant global de 800 milliards de centimes. Dans ce sillage, et dans une opération témoin, les services des douanes du port d’Annaba ont procédé au contrôle de 86 conteneurs chargés de divers produits, servant de couverture à plusieurs infractions, liées au non-respect du Code de change et importation de produits interdits à l’importation entre autres.
Lors de cette opération témoin, première du genre au port d’Annaba, et à laquelle ont assisté outre les organes de presse, Mihafdi Redha, divisionnaire des douanes au port d’Annaba où il a été découvert lors du contrôle d’un conteneur, 5328 pantalons du type jeans, servant de couverture à 409 cartons d’un poids de 9816 kilogrammes de tabacs de narguilés, produits interdits d’importation et estimés à plus de 800 millions de centimes. Les opérations de vérification se sont succédé et ont eu toutes les mêmes observations, du fait de leurs similitudes, dans les fausses déclarations. Un autre cas de conteneur contrôlé, a fait ressortir plus de 54.502 téléphones portables, toutes marques confondues, valorisant 10 milliards de centimes, soit quatre fois le prix de la marchandise sur le marché intérieur. Pis encore, au bout de la surprise, un conteneur déclaré porteur de meubles, accouche de 17.000 unités de produits cosmétiques au montant de 10 milliards de centimes, destinés à inonder le marché national.
Notons que cette opération de contrôle et de vérification est survenue suite à l’expiration de deux mois et 21 jours, délais de dépôt de ces conteneurs, nécessitant de facto leur soumission au contrôle douanier. Lors de la même opération de contrôle, il a été aussi fait état de pratiques pas du tout étrangères pour des importateurs indélicats qui ont, jusqu’à la mise sous presse, oeuvré au transfert illicite de fonds en devise de plus de 450 milliards de DA en infraction au Code de change, fausses déclarations et autres agissements de nature à nuire à l’économie nationale. En attendant que les 90 autres conteneurs en souffrance au port d’Annaba fassent l’objet d’opérations de contrôle et de vérification, par les mêmes services de douanes, le tabac à narguilé ainsi que les produits pyrotechniques souvent dissimulés dans des conteneurs de marchandises objets de fausses déclarations et importés avec des registres du commerce empruntés, seront éminemment détruits par les soins des mêmes services de douanes. Les autres marchandises saisies quant à elles, seront soumises à des ventes aux enchères. Notons que des PV ont été établis à l’encontre des importateurs, assortis d’amendes, dont les montants seront fixés conjointement par l’instance juridique qui prendra en charge chacune des affaires, après la transmission des dossiers, notamment ceux liés aux «transferts illicites de devises.
Des infractions contre lesquelles les douanes algériennes ont déclaré la guerre, avec le durcissement des opérations de contrôle, à travers toutes les institutions portuaires du pays. Des mesures intervenant en application des instructions du patron de ce secteur du paramilitaire, Kaddour Bentaha. Au motif de ces instructions, d’une part mettre un terme à la saignée de l’économie nationale, occasionnée par des opérateurs économiques indélicats versés dans l’import et d’autre part, fermer la brèche de la corruption douanière dans ce domaine.
Sinon comment expliquer l’importation frauduleuse de produits interdits sur le marché national si ce n’est les assurances et garanties apportées par certains éléments douaniers… Ces derniers qui, avec un salaire ne dépassant pas les 60.000 DA dans le meilleur des cas, affichent des signes de richesse, rivalisant avec la Jet Set du genre américain! Et ceci n’est un secret pour personne…