Les services des douanes algériennes de la direction du port d’Oran ont récemment intercepté une quantité importante de produits alimentaires subventionnés qui étaient sur le point d’être acheminés illégalement vers l’Espagne. Cette opération reflète les efforts constants des autorités pour lutter contre la contrebande et protéger l’économie nationale.
Pourquoi ces produits sont-ils trafiqués vers l’Europe ?
À première vue, il peut sembler étonnant que des produits algériens soient introduits illégalement en Europe, un marché réputé pour la qualité et l’accessibilité de ses denrées alimentaires. Pourtant, plusieurs raisons expliquent cet engouement pour les produits algériens au sein de la diaspora et même au-delà :
- Une nostalgie du pays
De nombreux Algériens vivant en Europe recherchent des produits qui leur rappellent leur enfance ainsi que leur pays d’origine. Des marques locales telles que Bimo, Rouiba ou les jus Rami évoquent une saveur et une identité auxquelles ils restent attachés. - Une alternative aux produits européens
Certains consommateurs évitent les produits alimentaires européens en raison de la présence d’additifs jugés non conformes à leurs croyances religieuses, ou s’ils font partie des marques boycottées. Ils privilégient ainsi les produits algériens, perçus comme plus sûrs et exempts de substances interdites. - Un goût authentique apprécié au-delà de la diaspora
L’intérêt pour les produits algériens ne se limite pas aux seuls ressortissants du pays. De nombreuses vidéos virales montrent des étrangers découvrant et appréciant ces denrées, contribuant ainsi à la demande croissante.
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La commercialisation de ces produits en Europe est d’autant plus lucrative, car personne ne les exporte officiellement. Importés illégalement, ils échappent aux taxes et se vendent parfois cinq à dix fois leur prix d’origine. Ce marché noir profite aux trafiquants, qui réalisent des marges énormes, tandis que les consommateurs doivent payer des tarifs excessifs pour accéder à ces produits.
Pourquoi l’Algérie ne les exporte-t-elle pas légalement ?
La question de l’exportation officielle de ces produits vers l’Europe se pose naturellement. Plusieurs obstacles peuvent expliquer cette absence :
- Une production locale insuffisante, incapable de répondre à la demande intérieure et à une éventuelle exportation.
- Des barrières douanières et réglementaires européennes qui compliquent l’importation de denrées non conformes aux normes européennes.
- Un manque de stratégie d’exportation et de partenariats entre les producteurs algériens et les distributeurs européens.
En attendant une solution légale et structurée, la contrebande de produits alimentaires algériens vers l’Europe continue de prospérer, alimentée par la nostalgie des expatriés ainsi que l’attrait croissant pour les saveurs locales.
L’Algérie impose aussi des restrictions sur les importations
Alors que des produits algériens sont exportés illégalement, l’Algérie elle-même applique des normes strictes aux importations étrangères. Selon le ministre du Commerce intérieur, Tayeb Zitouni, les autorités ont refusé l’entrée de près de 100 000 tonnes de produits non conformes en 2024, représentant une valeur de 40,99 milliards de dinars. Ces rejets concernent des articles jugés dangereux pour la santé ou ne répondant pas aux standards de qualité exigés par le pays.
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En parallèle, les services de contrôle ont mené plus d’un million d’interventions visant à lutter contre la fraude et les contrefaçons, avec des milliers de dossiers de poursuites judiciaires ouverts contre les commerçants en infraction. En 2024, l’état a saisi plus de 329 milliards de centimes de marchandises impropres à la consommation.
Un commerce parallèle qui pose un problème
Le trafic illégal de denrées alimentaires met en évidence un paradoxe : les consommateurs étrangers recherchent les produits algériens, mais l’Algérie n’en autorise pas l’exportation officielle tout en appliquant des restrictions strictes aux importations étrangères jugées non conformes. Ce double phénomène met en lumière les défis du commerce alimentaire et la nécessité d’un encadrement plus rigoureux des échanges commerciaux.
L’exportation légale des produits algériens pourrait être une alternative intéressante pour répondre à la demande tout en générant des revenus pour l’État.