Les maires doivent être des managers, se comporter en bons chefs d’entreprise en gérant les affaires de leurs communes. Ces propos reviennent tel un refrain dans les discours et interventions du ministre de l’Intérieur Nour-Eddine Bedoui. Lesdits propos sous-entendant une large liberté dans l’accomplissement de la mission d’un maire n’ont en effet rien de vrai, soulignent beaucoup de maires sortants. Ce n’est pas parce que le maire ne dispose d’aucun pouvoir ou prérogative, mais parce ce dernier agit en fonction de l’humeur du chef de daïra et sous la houlette de ce dernier. Un P/ APC d’une commune de l’intérieur du pays qu’on a interrogé sur ce sujet, déclare que le maire ne peut rien faire sans l’aval du chef de daïra. Pour résumer la situation, notre interlocuteur a usé d’un exemple plus qu’édifiant. «Le chef de daïra est allé dans ma commune jusqu’à s’immiscer dans le contrôle de la feuille de pointage des travailleurs et des employés, en exigeant qu’une copie lui soit transmise.» «C’est de même aussi pour ce qui est de la répartition des subventions sur les associations», a-t-il ajouté. Pour justifier son «intrusion» le chef de daïra avance l’argument selon lequel il est le premier responsable de la circonscription et à ce titre il doit veiller sur le moindre détail. L’autre exemple qu’a cité notre maire est la distribution des logements. Dans ce chapitre, le P/APC n’a presque aucun droit de regard, sinon le même que celui qu’a un simple fonctionnaire de la daïra. «Le mot de la fin revient toujours au chef de la daïra. C’est ce dernier qui préside la commission de distribution du logement. Ainsi il peut valider une liste comme il peut l’annuler. Il peut décider de la publication ou non d’une liste», ajoute-t-il. Pour ce P/APC qui a décidé de ne plus se porter candidat pour une deuxième fois malgré sa popularité dans sa commune, tous les efforts du département de Bedoui ne servent à rien tant que le chef de daïra est toujours là. Il est urgent de supprimer ce poste car son maintien est un véritable frein pour le développement local.
A ce propos, il est à rappeler que certains partis politiques ont appelé justement à la suppression des daïras et du coup du poste de chef de daïra. Selon eux, la daïra n’a plus aucune raison d’exister. «Les prestations qu’assuraient ces dernières sont toutes assurées présentement par les mairies. La numérisation des documents a facilité grandement la tâche aux agents des mairies», arguent-ils. Par ailleurs, les nouvelles dispositions que prévoit le nouveau Code communal qui est en train d’être élaboré ne rimeront pas avec les prérogatives actuelles du chef de daïra. Dans le nouveau code, le P/APC sera capable de gérer la fiscalité de sa commune, d’octroyer des marchés, d’attirer les investisseurs, de louer des salles relevant de la commune, de gérer les zones d’activités, cela d’une part. L’introduction de la démocratie participative consistant à faire participer le mouvement associatif dans la prise des décisions concernant la commune va également a contrario des nouvelles tâches du P/APC. De plus, soulignent d’autres observateurs, le chef de daïra joue pratiquement le même rôle que le wali. D’où la nécessité de supprimer son poste