L’excédent de la production nationale de ciment va s’élever à 11 millions de tonnes à l’horizon 2022, alors que les prévisions d’exportations de ce surplus de l’offre ne sauraient dépasser à long terme les 2 millions de tonnes. Du coup, il faudra trouver un débouché au volume restant. Un début de solution a été annoncé lors de la tenue, hier à Alger, d’une journée d’études sur la construction des routes en béton ciment, organisée par l’Union nationale des entrepreneurs du secteur public (Unep).
Le directeur du centre d’études et de services technologiques de l’industrie des matériaux de constructions (Cetim) a, en effet, informé lors de son intervention que 4 millions de tonnes seront consacrés à la construction de routes en béton.
Il faut dire que cette prise de décision d’opter pour la construction de routes en béton n’en est pas moins fort intéressante. Selon le représentant du Cetim, ce procédé procure plusieurs avantages. Il citera entre autres, et contrairement au revêtement en bitume, qui commence à se dégrader au bout de cinq ans, le revêtement en béton reste intact jusqu’à vingt-cinq ans. Certes, le coût de la pose du ciment est plus élevé que celui du bitume mais il faut prendre en compte le facteur durée qui est plus intéressant.
Toujours selon ce même responsable, cette technique réduit les délais de livraison des chantiers de 20 à 40% par rapport à l’usage du bitume. Comme elle optimise la structure de la chaussée, c’est-à-dire que la chaussée est moins épaisse mais plus compacte. Il a indiqué par ailleurs que le procédé réduit les risques inhérents au transport de millions de mètres cubes sur des milliers de kilomètres, où le trafic est intense. Et d’arguer enfin que cette technique a un taux d’intégration de 100%. Ce qui démontre que le pays aurait tout à gagner en vulgarisant la construction des routes en béton et ciment comme c’est d’usage dans de nombreux pays.
Notons que les ministres de l’Industrie, de l’Environnement et des Travaux publics, présents à cette journée d’études, ont témoigné tour à tour que la construction des routes en béton n’en est pas moins fort intéressante. « Cette technique va consommer une partie du surplus de la production nationale du ciment. Ce qui, en soit, est de bon augure pour le secteur de plus en plus en proie au risque de ne pouvoir écouler sa production », a indiqué pour sa part la ministre de l’Industrie. De son côté, la ministre de l’Environnement s’est félicitée de l’usage du béton dans la construction des routes. « Un produit de loin moins polluant que le bitume d’autant plus que le décapage des routes goudronnées que les entreprises déversent à tout bout de champ et par tonnes entières porte atteinte à l’environnement », a-t-elle déploré. Le ministre des Travaux publics a mis en exergue que cela va, d’une part, faire des économies au pays et, d’autre part, réduire le nombre de tronçons de routes dégradés ».
Pour sa part, le représentant du groupe industriel Gica, Abdelaziz Daoudi, a affirmé qu’on est passé d’une « situation déficitaire à une situation excédentaire». Raison pour laquelle, une partie de l’excédent, selon lui, doit être utilisée comme matériau dans la construction des routes de chaussée en béton et dans la rénovation des routes ainsi que dans le développement de produits dérivés, ou bien, à l’export, sous forme de clinker et ciment.
Soulignant que l’industrie algérienne du ciment se compose à ce jour d’un parc de 18 cimenteries en production, implantées à proximité des grands centres consommateurs et de 4 cimenteries en projet, il a signalé que la capacité nominale de production, pour 2018, était de 32 millions de tonnes/an et atteindra 34 millions de tonnes en 2019, contre une demande estimée à 22,2 millions de tonnes, soit (11,8 millions de tonnes de surplus). «Ce surplus va s’accentuer dès lors où la capacité nominale de production va passer à 40,5 millions de tonnes/an de ciment à l’horizon 2020 après la réalisation des investissements en cours et les projets lancés par Gica et les cimenteries privées. Sans compter les deux cimenteries en projet à Relizane et à Djelfa, estimées à 5,6 millions de tonnes supplémentaires», a-t-il précisé. Notons enfin que cette journée a été présidée par le patron de l’Unep, Lakhedar Rekhroukh.
Bouzid Chalabi