Une trentaine de ministres des Affaires étrangères, y compris le Russe Sergueï Lavrov et l’Ukrainien Andriï Dechtchitsa, se trouvaient hier à Vienne pour une réunion du comité ministériel du Conseil de l’Europe.
De nouvelles tractations diplomatiques s’ouvraient hier dans l’espoir d’empêcher l’Ukraine de glisser dans la guerre civile, après des combats qui ont fait la veille plus de 30 morts dans la ville russophones de Slaviansk. Une trentaine de ministres des Affaires étrangères, y compris le Russe Sergueï Lavrov et l’Ukrainien Andriï Dechtchitsa, se trouvaient hier à Vienne pour une réunion du comité ministériel du Conseil de l’Europe, dont la crise ukrainienne devrait constituer le plat de résistance.
«La grande majorité des pays» réunis hier adressent «très fortement le message que l’élection (présidentielle) ukrainienne doit pouvoir se tenir» comme prévu le 25 mai, a déclaré le chef de la diplomatie britannique William Hague, qui est aussi attendu à Kiev dans la soirée pour rencontrer les dirigeants du pays. L’Ukraine serait plongée dans le «chaos» avec un «risque de guerre civile» si l’élection n’avait pas lieu, a averti mardi le président français François Hollande. A Slaviansk même, épicentre actuel des affrontements qui opposent les Russophones aux forces armées ukrainiennes, la situation semblait calme hier matin, selon l’AFP.
Lundi, d’intenses combats à l’arme lourde s’étaient déroulés dans la périphérie. Ils ont fait quatre tués et 20 blessés du côté de l’armée, qui a également perdu son quatrième hélicoptère en l’espace de quelques jours. Dans le camp adverse, «selon nos estimations, plus de 30 ‘terroristes » ont été tués et des dizaines blessés», a écrit le ministre de l’Intérieur Arsen Avakov sur sa page Facebook hier. Pour le commandant des forces de l’Otan en Europe, le général Philip Breedlove, le président russe Vladimir Poutine est en mesure d’atteindre ses objectifs dans l’est de l’Ukraine sans traverser la frontière.
«Le déroulé le plus probable, est qu’il (M. Poutine, ndlr) continuera à faire ce qu’il fait: discréditer le gouvernement, provoquer le chaos et essayer de préparer le terrain pour un mouvement séparatiste», a-t-il estimé. Moscou affirme pour sa part que l’Ukraine est en proie à des «forces ultranationalistes, extrémistes et néonazies» qui se rendent coupables de violations «massives» des droits de l’homme. Quant aux villes encerclées par l’armée, elles risquent une ««crise humanitaire» faute d’approvisionnements en vivres et en médicaments. Le président ukrainien par intérim, Olexandre Tourtchinov, avait dénoncé lundi une «guerre» visant notamment à «renverser le gouvernement à Kiev». Il a mis en garde contre des provocations et des incidents sur tout le territoire, notamment à l’occasion du 9 mai, jour férié commémorant en Ukraine et en Russie la victoire sur l’Allemagne nazie.
Face à la dégradation de la situation, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a offert sa médiation pour trouver une solution. «Je suis prêt à jouer un rôle si c’est nécessaire», a-t-il déclaré lundi à Abou Dhabi. Le président de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Didier Burkhalter, président de la Confédération helvétique, est pour sa part attendu aujourd’hui à Moscou, où il doit évoquer le dossier ukrainien avec M.Poutine. Les deux hommes doivent discuter «de la mise en place de tables rondes sous le parrainage de l’OSCE, qui doivent faciliter un dialogue national avant l’élection présidentielle» anticipée prévue le 25 mai en Ukraine, selon Berlin.