Le tribunal de Brest a condamné, lundi 19 février, Youcef Aziria, alias « Zazou Youssef » sur TikTok, à 18 mois de prison ferme assortis d’une interdiction de territoire en France pour dix ans. L’influenceur de 25 ans avait appelé, dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, à « ouvrir le feu » sur les opposants au régime algérien en France et en Algérie.
Des propos jugés dangereux
Originaire de Mostaganem en Algérie et installé en France depuis 2020, Youcef Aziria comptait près de 400 000 abonnés sur TikTok avant la suppression de son compte. Dans une première vidéo, il s’en prenait aux opposants du président algérien Abdelmadjid Tebboune, les menaçant de représailles lors du Nouvel An : « Il faut tirer sur vous. Vous voulez manifester le 1er janvier ? Tirez sur eux, il faut employer la force. Président Tebboune, donnez l’ordre de tirer, ils veulent semer le chaos. »
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Lors de son audience, l’influenceur a ainsi tenté de justifier ses propos, affirmant qu’ils avaient été mal compris. « Je m’adressais à l’armée algérienne et je disais ‘tirez sur eux’ pour les dissuader, pour qu’ils rentrent chez eux et évitent de créer des troubles », a-t-il expliqué en français approximatif.
Le tribunal n’a pas retenu cet argument, estimant que la répétition du mot « tirer » ne relevait pas d’une simple figure de style.
Une seconde vidéo plus explicite
Quelques jours après la diffusion de cette première vidéo, Youcef Aziria avait publié un second contenu encore plus virulent, menaçant directement ceux qui l’avaient critiqué : « Nous sommes en guerre. Au moindre faux pas, on va s’occuper de vous », mimant ainsi un geste d’égorgement. Il poursuivait : « Venez nous affronter. Si vous avez quelque chose à dire, on est là. On va vous anéantir, on va vous violer, puis s’en prendre à vos proches. Vive l’Algérie, je vais vous achever. »
Ces propos ont provoqué une vive indignation sur les réseaux sociaux, contribuant à un « climat d’inquiétude », selon le procureur de Brest, Camille Miansoni.
Une défense qui dénonce une manipulation
Les avocats de Youcef Aziria, Me Nabil Boudi et Me Hermine Frapier, ont contesté l’impartialité de la procédure, soulignant que la première vidéo à l’origine des poursuites avait été tronquée. « La vidéo originale durait 3 minutes 50, mais celle exploitée dans la procédure ne fait que 40 secondes. Avec ce montage, ses propos ont ainsi été totalement déformés », a plaidé Me Boudi.
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L’avocat a également affirmé que son client n’avait aucun engagement politique, précisant que ses contenus portaient majoritairement sur le football. « À part ces deux vidéos, vous n’avez retrouvé aucune publication à connotation politique », a-t-il insisté.
Un verdict critiqué
Malgré ces arguments, le tribunal a suivi la réquisition du parquet, considérant que les déclarations de l’accusé constituaient une « provocation à commettre un acte terroriste ». Par ailleurs, si le procureur avait requis 24 mois de prison ferme, la peine finale a été réduite à 18 mois.
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La décision a provoqué une vive réaction de la défense, qui y voit un « verdict politique ». « Cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de répression des influenceurs algériens, relayé sur les réseaux sociaux par le ministère de l’Intérieur », a dénoncé Me Boudi. Menotté, Youcef Aziria a quitté la salle sous les regards en larmes de ses proches. Ses avocats ont déjà annoncé leur intention de faire appel, espérant un allègement de la sanction ou une relaxe.