Pour la classe politique: C’est la mobilisation populaire qui a rendu possible la démission de Bouteflika

Pour la classe politique: C’est la mobilisation populaire qui a rendu possible la démission de Bouteflika

Par R. N.

Pour la classe politique: C’est la mobilisation populaire qui a rendu possible la démission de Bouteflika
  Les partis politiques ont été unanimes, à travers leurs communiqués rendus publics hier, à considérer que c’est la mobilisation populaire qui a rendu possible la démission de Bouteflika.

Pour le PT, la démission de Bouteflika est la conséquence de la mobilisation des «dizaines de millions» d’Algériens, depuis le 22 février 2019, «contre le 5ème mandat puis contre la prolongation du 4ème mandat». «Par conséquent, si la démission du président de la République satisfait en partie les aspirations de la majorité, elle ne saurait à elle seule constituer l’issue positive conforme à la volonté de la majorité qui veut exercer sa pleine souveraineté sans tuteurs, ni représentants de fait quels que soient leurs qualités ou postes de responsabilité. Et tout responsable qui a participé activement à la répression des libertés démocratiques, doit partir. C’est la condition pour une véritable refondation politique, institutionnelle nationale consacrant la souveraineté du peuple», ajoute le communiqué du PT.

Pour le Parti des Travailleurs, «attribuer, comme le font certains médias, partis politiques et autres activistes, dans un matraquage insupportable, la démission du président de la République à l’incursion brutale de l’Etat-major de l’ANP dans la décision politique (…) participe d’un mépris total et violent à l’égard de la mobilisation de dizaines de millions d’Algériennes et d’Algériens qui ne sauraient permettre que leur soit dénié une fois de plus, le droit de décider de leur sort».

Le communiqué du PT met en garde contre «toute tentative d’où qu’elle vienne, visant à entraver, stopper le mouvement révolutionnaire et rappelle que c’est le système en place qui met en péril le peuple algérien et la nation algérienne et que la confiscation de la volonté du peuple fut-elle l’émanation de l’ANP est porteuse de dangers intérieurs et extérieurs pour le pays, car contraire à la démocratie et pouvant servir d’alibi pour les ingérences extérieures».

Pour Ali Benflis, «la démission du président de la République représente l’épilogue affligeant de deux décennies d’un immense gâchis». Dans un communiqué, le président de Talaie El Hourriyet estime que ce sont «nos concitoyennes et nos concitoyens qui ont été les artisans d’une révolution populaire pacifique» qui a permis «cette victoire». «En cette même occasion, mes pensées vont aussi à l’Armée Nationale Populaire qui, au moment de la difficile épreuve que vit notre pays, s’est positionnée dans le camp du peuple», ajoute Ali Benflis qui qualifie la position de l’ANP de «choix naturel» et «un autre témoignage puissant de sa nature authentiquement populaire, nationale et républicaine».

«Si le peuple lui-même a été l’artisan de sa révolution démocratique, l’Armée Nationale Populaire a aidé à l’aboutissement apaisé, serein et pacifique de sa toute première phase», dit-il, ajoutant qu’il s’agit maintenant de «désamorcer» les «bombes à retardement que l’ancien régime et ses alliés extra-constitutionnels se sont ingéniés à multiplier». «Il y a la présidence de l’Etat qui devra revenir à une ou des personnalités irrécusables. Il y a un gouvernement discrédité et désavoué avant même sa formation qu’il importe de recomposer. Il y a un Conseil constitutionnel dont la présidence a pris fait et cause pour l’ancien régime et dont il faudra traiter le cas de manière compatible avec toutes les exigences d’une bonne tenue de la prochaine échéance présidentielle. Il y a enfin, la préparation, l’organisation et le contrôle de cette échéance qu’il faudra soumettre à des mécanismes acceptables pour tous».

Continuer la mobilisation

Pour le RCD, «l’abdication annoncée du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika est la première grande victoire de la mobilisation populaire» qui prévient «contre toute tentation totalitaire future», et «acte que le combat pacifique et déterminé est la seule voie pour recouvrer la dignité et la souveraineté pleine et entière sur notre destin».

«C’est la mobilisation populaire et pacifique qui a fait capoter les feuilles de route successives agréées pourtant par le système dans tous ses démembrements», écrit le RCD qui estime que «les citoyens mobilisés dans la rue, chaque vendredi et dans leurs différentes corporations, tous les jours de la semaine, sont les seuls à garantir une véritable transition de rupture avec le système politique, ses symboles, ses pratiques et ses figures. C’est la revendication citoyenne à travers l’ensemble du pays».

Sur sa page Facebook, Abderrezak Makri, président du MSP, estime que le plus important «c’est que l’ère Bouteflika soit terminée». Pour lui, «les images diffusées par la télévision algérienne montrant le président Bouteflika remettre sa démission au président du Conseil constitutionnel en présence du président du conseil de la nation, montrent qu’il était responsable des actes qui lui ont été attribués et qu’il est celui qui a résisté et a agi sous le sceau de la présidence et qu’il est responsable de tous les événements survenus avant sa résignation». Et d’ajouter : «Le président Bouteflika, son frère, son gang et tous ceux qui l’ont soutenu sont responsables de la situation désastreuse de l’Algérie. Réformer ce qu’ils ont corrompu n’est pas facile, mais la principale étape consiste à empêcher l’Algérie de produire un autre gang».

Par ailleurs, le Collectif de la dynamique de la société civile pour une sortie de crise pacifique, né après le 22 février, affirme, dans un communiqué paru hier, son refus «à une transition politique dans le système».

«La démission de Bouteflika est une première victoire arrachée par la mobilisation historique et sans faille du peuple Algérien. Nous prenons acte, mais celle-ci ne suffit pas car elle n’offre aucune garantie. D’autres victoires sont nécessaires», affirme le collectif. Le communiqué craint que «les développements de ces derniers jours et les signaux envoyés par le système – avec notamment la nomination du gouvernement Bedoui et la guerre des communiqués entre la présidence et l’état-major de l’armée», ne soient «la poursuite de l’option de la transition clanique au sein même du pouvoir à travers l’application de l’article 102 de la constitution qui ne garantit nullement une transition indépendante du système comme l’exigent les marches du peuple depuis le 22 février».

Quant au RND de Ahmed Ouyahia, il a publié un bref communiqué sur son site web dans lequel il «enregistre avec satisfaction la démission du président Abdelaziz Bouteflika» et «note la position de l’Armée Populaire Nationale qui a contribué à cette solution constitutionnelle».

Le RND «soutient également l’application des articles 7, 8 et 102 de la Constitution afin de résoudre la crise politique du pays en répondant aux demandes de la population de maintenir la stabilité et la sécurité du pays».