Moncef Wafi
Hier s’ouvrait officiellement la saison estivale et la première question qui vient à l’esprit est de connaître la nature de cet été. La conjoncture politique étant ce qu’elle est et la mobilisation populaire sans faille vont nous offrir un été chaud, très chaud même, sans jeu de mots. Les Algériens sont même à deux doigts de récupérer le Club des pins qui a longtemps symbolisé les années fastes du régime de Bouteflika, faisant de cette station balnéaire une enclave privatisée et un espace de non-droit, interdit aux fils du peuple. Cet été, donc, s’annonce différent rien que parce que c’est le premier depuis vingt ans sans Bouteflika, mais il est fort à craindre que les dernières évolutions sur l’échiquier politique ne mènent irrémédiablement vers l’impasse.
Les Algériens auront donc tout à redouter des prochains jours qui s’annoncent aussi pesants que la canicule propre à cette saison. Un été qui coïncide avec un rendez-vous électoral crucial pour le pays et peut constituer un tournant décisif pour peu qu’il se tienne avec les conditions exigées par la rue. Loin de la politique et de ses humeurs, il est aussi attendu que les Algériens se réapproprient la plage, un espace public lui aussi spolié et privatisé par la force des armes par des bandes de jeunes qui ont profité de la permissivité des lois et du peu d’empressement de les faire respecter. Sur ce plan, les choses ont commencé à évoluer dans le bon sens depuis l’année dernière et on a assisté à un retour graduel à la norme mais reste à confirmer cet été avec une tolérance zéro à l’encontre des contrevenants.
La rue a forcé le destin du pays en redistribuant les cartes et l’été devra renforcer les acquis engrangés et restituer à l’Algérien sa dignité foulée aux pieds par un pouvoir qui s’accroche encore aux derniers lambeaux d’une constitution violée à plusieurs reprises. L’autre enjeu est sociétal et doit faire du civisme et du vivre-ensemble le credo d’une nouvelle République basée sur l’intérêt suprême du pays. Cet été sera aussi scruté pour le carrefour qu’il représente et les opportunités à saisir en mettant de côté toutes les tentatives de division de l’Algérie et des velléités de sédition orchestrées par des agents de l’extérieur qui attaquent des Algériens parce qu’ils parlent une autre langue ou pensent différemment. L’Algérie ne peut pas être qu’arabe et prétendre le contraire, c’est accuser l’histoire de falsification et tant que ces gens s’appuient sur un modèle désuet et une idéologie dangereuse, le pays sera en grand danger.