« Viva l’Algérie » ou « tout sauf l’Algérie » : les supporters égyptiens sont partagés entre ceux qui soutiennent leurs « frères arabes » pour la finale de la CAN-2019 au Caire, et les irréductibles qui perpétuent la rivalité historique entre les deux pays.
Dix ans après le caillassage du bus des joueurs algériens au Caire, la haine a-t-elle quitté les deux camps ? Dimanche dernier, lors de la demi-finale Algérie – Nigeria, le soutien ostentatoire de certains supporters égyptiens aux Super Eagles a déclenché quelques accrochages avec des Algériens. « En termes de performance, ils méritent d’être en finale et de la gagner contrairement à notre propre équipe », concède Mohamed, alors que l’Egypte, pays-hôte, a été éliminée dès les 8es de finale. « Mais j’espère qu’ils ne vont pas remporter la compétition », s’empresse d’ajouter ce comptable de 32 ans, en évoquant de vieilles « querelles ». L’origine de cette inimitié ?
L’attaque du bus des joueurs algériens, faisant plusieurs blessés avant un match de qualification au Mondial-2010, qui avait dégénéré en violents affrontements entre supporters, puis en crise diplomatique. A la suite de ces événements, qui se sont répétés à plusieurs reprises depuis, les appels aux calmes de part et d’autre n’ont pas empêché les accusations tous azimuts par voie de presse, convocations de diplomates et protestations formelles des deux pays. Depuis le début de la CAN-2019, la présence des forces de l’ordre s’est renforcée dans les rues et surtout autour des stades, dans un pays où l’enjeu sécuritaire restait le défi majeur de l’organisation de la compétition, notamment face à l’afflux progressif des supporters des Fennecs. « Jusqu’à présent, il n’y a ni problèmes ni différends, ni crises d’ordre sécuritaire », assure un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur qui a requis l’anonymat. « Les célébrations (des supporters algériens) dans les rues se sont déroulées en présence d’Egyptiens sans mécontentement ou problème », a-t-il assuré.
Car, en dépit des anciennes tensions footballistiques entre les deux pays, de nombreux Egyptiens se tiennent derrière les Algériens, dans les stades ou dans les rues, au nom de l’unité arabe.
« Après les événements de 2009, les gens soutenaient n’importe qui contre l’Algérie », se souvient Hatem Maher, journaliste sportif. Mais, selon lui, le fait que la question se pose désormais de supporter ou non les Fennecs est « un débat nouveau et positif ».
« La tension a diminué de manière notable », observe-t-il, mettant en avant l’absence de matchs à enjeu au cours de la dernière décennie, l’émergence d’une nouvelle génération de fans mais aussi les « changements politiques ».
Aujourd’hui donc, pour certains Egyptiens, les Fennecs doivent l’emporter. « Les Algériens sont en fête. Pourquoi ne serions-nous pas heureux pour eux ? », se demande Mohamed, ancien entraîneur de foot à la retraite.