Les détenus d’opinion arrêtés lors des marches à Alger et incarcérés à la prison d’El-Harrach, depuis juin dernier, et qui sont une trentaine, s’apprêtent à entamer une grève de la faim pour protester contre leur détention abusive et la lenteur observée dans l’étude de leurs dossiers par la justice, qui ne les a toujours pas enrôlés. C’est ce qu’ont annoncé hier leurs avocats, lors d’une rencontre organisée à Tizi Ouzou, par le Collectif national pour la libération des détenus (CNLD), en présence même de membres des familles des détenus, du Réseau de lutte contre la répression, de la Laddh et du RAJ. Selon l’avocate Nabila Smaïl, c’est à partir du 23 octobre prochain que cette trentaine de détenus arrêtés en juin se joindront aux 5 détenus déjà en grève de la faim depuis le 4 octobre dernier. La même avocate a expliqué que le choix du 23 octobre n’est pas fortuit, puisque c’est à cette date que ces détenus vont boucler leur quatrième mois de détention. “Légalement, si leurs affaires ne sont pas traitées par la justice avant le 24 octobre prochain, date à laquelle leur mandat de dépôt va expirer, la justice va systématiquement le renouveler et, ainsi, les maintenir en détention. C’est d’ailleurs à partir de là qu’ils ont décidé d’entamer leur grève”, a expliqué Me Nabila Smaïl. “Si le collectif des avocats a pu, au mois de juillet dernier, dissuader les détenus de ne pas recourir à cette grève de la faim pour dénoncer leur détention arbitraire, cette fois, et devant la lenteur observée dans l’étude de leurs dossiers par la justice, ils ont décidé de passer à l’action.” Lors de son intervention, Me Nabila Smaïl avait encore dénoncé une vague d’arrestations ciblées qui touche, depuis quelques jours, de nombreux militants à travers le territoire national. “Cette affaire d’arrestations arbitraires est en train de mettre à nu un pouvoir en panique et finissant, car, il s’agit d’une forme de répression qui n’a aucune base légale. Le fait de cibler des jeunes et de les mettre en prison sans aucun chef d’inculpation relève d’une tentative de faire reculer la révolution”, a-t-elle estimé. Me Seddik Mouhous a, pour sa part, expliqué que “ces arrestations massives constituent une violation du pacte international relatif aux droits civils et politiques et du code de procédure pénale”.
Concernant le cas des jeunes arrêtés pour possession de l’emblème amazigh, le même avocat a estimé qu’ils sont détenus “en violation de la loi”, expliquant que “l’emblème amazigh qui unit toute l’Afrique du Nord n’a jamais été un danger pour l’unité nationale”. Tout en saluant l’initiative de l’Ordre des avocats d’Alger qui a appelé à une marche nationale le 24 octobre, les avocats membres de la CNLD ont exprimé leur intention de boycotter l’instruction des dossiers des détenus d’opinion estimant qu’il s’agit, tout simplement, “de dossiers préfabriqués”.
K. Tighilt