On pouvait lire, il y a quelques jours, que Saâdani aurait été “sommé de se taire”. Ce qui aurait été un véritable paradoxe, l’homme ayant été installé à la tête de “l’appareil du parti” pour parler.
Probablement, pour sa maîtrise du dérapage contrôlé. Alors, non seulement, il ne s’est pas tu, mais il a reçu, ce week-end, le renfort du chef de l’autre parti et du Premier ministre.
Ces porte-parole martèlent un message qui s’articule autour de trois axes : entretenir l’idée que le Président, malgré ses éclipses récurrentes, garde toutes les facultés nécessaires à la maîtrise de sa fonction et tient la barre, rassurer sur l’absence de retombées sociales de la crise financière et entretenir la peur de l’instabilité qui pourrait découler d’une éventuelle fragilisation du pouvoir.
Pour l’heure, l’urgence est de disqualifier l’initiative des “19-4”, la première initiative, non partisane mais politique, tout de même, basée sur le doute quant à l’exercice réel de son autorité par le Président. L’insistance sur le fait qu’“il se porte bien et (que) c’est lui qui dirige le pays” (Ouyahia), et qu’il distille ses orientations “au jour le jour” (Sellal), procède de la crainte du crédit que pourrait engranger la démarche des “19-4”, ses auteurs n’étant pas tous susceptibles d’arrière-pensées politiciennes.
C’est pour réduire cette action à une initiative d’une chef de parti connue pour son caractère impétueux que l’on assiste à une réplique qui se résume à un pilonnage de Louisa Hanoune. Le pouvoir aurait préféré que les Algériens s’y fassent. Et que même si, à chaque éclipse présidentielle, la rue, les comptoirs et les salons s’animent d’une intense rumeur jusqu’à ce que le chef de l’État se montre à la prochaine opportunité diplomatique, la question ne fasse, au moins, pas l’objet d’un débat politique.
Dans le ton de ces ripostes groupées, on peut déceler un réel agacement d’un pouvoir qui n’a pas trop de bonnes nouvelles à annoncer. En plein débat autour d’une loi de finances qui a du mal à dissimuler l’entrée dans une ère d’austérité, cela fait trop d’inquiétudes à dissiper. “L’État nous a trop habitués à sa prodigalité pour qu’il puisse facilement nous en sevrer. Il est significatif de cet état d’esprit rentier que des bénéficiaires de l’Ansej protestent contre les actions judiciaires par lesquelles on veut les obliger à rembourser leurs emprunts ! Il reste la peur du danger intérieur et extérieur.” Mais le spectre de l’insécurité peut-il, à lui seul, tenir en respect des citoyens auxquels l’on n’offre pas de perspective lisible et que l’avenir proche inquiète déjà ?
Le discours d’incantation optimiste et le discours de sommation à l’endroit de l’opposition au sens large peuvent, peut-être, constituer une politique de sommation. Mais, en aucun cas, une politique de gestion.
M. H.