Pourquoi les acteurs de l’environnement en Algérie, personnes physiques, associations et institutions publiques, témoins quotidiens d’un environnement qui croule sous toutes sortes de déchets, n’agissent pas ensemble pour avoir moins de ces derniers à éliminer ?
Il est de notoriété publique qu’agir à posteriori, une fois que le mal est fait, demande des moyens et des budgets tellement importants qu’on aurait tout à gagner à les affecter ailleurs, à des secteurs où l’on ne peut faire autrement comme la santé et l’éducation. Au lieu de réfléchir à des politiques de revalorisation et d’élimination de déchets par le recyclage, actions nobles et indispensables s’il en est, il y a tout un travail à réaliser en amont afin de réduire les volumes de déchets, bien avant la poubelle. Au-delà du discours traditionnel qu’on entend ça et là sur l’impérieuse nécessité de mettre un terme à cet état de catastrophe, il nous tarde de voire se traduire concrètement une réflexion globale et la mise en place de chantiers permanents, afin de tourner définitivement cette page nationale d’insalubrité.
À partir du moment où un consensus général se dégage quant à l’état des lieux, et vu l’impuissance de tout un chacun, pris séparément, à trouver des solutions pérennes à lui seul – ce qui relèverait du miracle -, il importe d’engager un travail collectif de réflexion d’abord par la convocation de tous les acteurs de la société, à commencer par les entreprises, les associations de consommateurs, corporatistes (médecins, protection civile, …), les associations de l’environnement, les pouvoirs publics, les personnes engagées dans la lutte pour la protection de la nature, les chercheurs,etc, à des états généraux pour la réalisation d’un livre blanc sur la prévention des déchets.
Il s’agira de faire un inventaire aussi détaillé que possible, stricte et sans concessions, de tous les déchets et de leurs cheminement depuis la source jusqu’à la décharge-CET ( ou jusqu’à ce qu’ils finissent dans la nature), afin d’en identifier l’origine, les diverses étapes et leur ampleur. Puis réfléchir aux mesures à mettre en place, de façon préventive, à tous les produits générateurs de déchets, en précisant les responsabilités (des acteurs économiques, des familles, des communes, de la wilaya, des individus…), en combinant différents outils (des actions pédagogiques, des réductions physiques à la source, la contrainte, la sanction…), en dégageant les modes d’action adaptés et possibles, un échéancier graduel et progressif car on ne peut changer les mentalités d’un coup, du jour au lendemain.
Si nous privilégions un changement progressif c’est parce qu’une modification radicale des vieux schémas de production, de distribution et de consommation et du mode de vie en général s’en suivra. Et qui dit changement dit résistances, c’est une règle universelle. D’où la nécessité d’asseoir une stratégie et de la partager avec un maximum de monde.
Quand nous parlons de déchets, il va de soi que ça ne concerne pas seulement la ménagère, mais aussi le patron d’usine, le commerçant, le transporteur, l’hôpital, le chantier de construction ou de travaux publics, le réparateur automobile et enfin l’Algérien lambda chez qui finissent pratiquement tous les produits ou services. Il est quand même aberrant de voir un distributeur de boissons alcoolisées, venir le matin les caisses pleines et repartir avec des caisses.. vides! Mais ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres.
Chaque secteur économique, chaque famille et chaque région est apte à réduire le volume de ses déchets, moyennant une organisation nouvelle, un encadrement et quelques contraintes supplémentaires. C’est l’affaire de tous et c’est pour le salut de tous.