Pourquoi Trump a ciblé l’Algérie avec des droits de douane de 30 % ? Les experts expliquent

Pourquoi Trump a ciblé l’Algérie avec des droits de douane de 30 % ? Les experts expliquent

Les experts économiques s’accordent à dire que les exportations algériennes vers les États-Unis ne représentent que 5% du total de ses exportations, principalement du pétrole, du gaz, du fer, du ciment, des pneus et des dattes. Par conséquent, l’impact des droits de douane américains est relativement limité à court terme.

Malgré ces droits de douane élevés, les experts affirment que l’Algérie peut facilement trouver d’autres marchés, notamment en Afrique et dans l’Union européenne, où la demande pour ses produits est forte.

Par conséquent, l’impact de ces droits de douane sur les exportations algériennes ne sera pas significatif dans un avenir proche, d’autant plus que les produits compétitifs tels que l’énergie et le fer ne seront pas affectés de manière significative.

Dans ce contexte, l’expert économique Fares Habache explique dans un entretien avec Echorouk que les échanges commerciaux entre l’Algérie et les États-Unis ont connu un développement notable ces dernières années, atteignant plus de 3,1 milliards de dollars en 2024. Cependant, ces échanges restent en deçà de leur niveau d’avant 2017.

Concernant la nature des produits échangés entre les deux pays, Habache a souligné que les principales exportations américaines comprennent les avions, les hélicoptères et les produits aérospatiaux, d’une valeur de 197 millions de dollars, ainsi que les équipements de transport, les machines, les produits chimiques et certains produits agricoles.

En revanche, l’Algérie reste le principal fournisseur d’énergie, notamment de pétrole et de gaz, qui représentent 95% de ses exportations, ainsi que de fer, d’acier, de certains produits pétroliers, de pneus et de produits agricoles.

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Rappelons que, dans la hiérarchie des partenaires commerciaux de l’Algérie, les États-Unis occupent une place secondaire. Selon les dernières données, ils se classent au 8ᵉ rang des fournisseurs, derrière la Chine, la France, l’Italie, le Brésil, la Turquie, l’Allemagne et la Russie.

En ce qui concerne les exportations, ils se classent au 5ᵉ rang des clients algériens, devancé par l’Italie, la France, l’Espagne et la Turquie.

“L’impact des droits de douane américains sur les exportations algériennes est limité”

L’expert économique souligne que les tarifs douaniers américains, appliqués à la plupart des pays à des taux variables, atteignent 30 % pour l’Algérie – un niveau élevé comparé à d’autres nations.

Cette hausse s’explique par le calcul du déficit commercial entre les deux pays, qui s’élevait à 59 % en 2024, incitant l’administration Trump à imposer ces mesures.

Hebache attribue ces disparités tarifaires aux relations géopolitiques, comme celles entre les États-Unis, la Chine et l’Europe, ainsi qu’au volume des échanges et aux stratégies commerciales américaines utilisées comme moyen de pression.

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Il a évoqué la récente reprise des relations économiques entre l’Algérie et Washington à travers les investissements des sociétés ExxonMobil et Chevron, qui ont commencé à investir sur le marché algérien l’année dernière. Malgré ces droits de douane, Habache affirme que les relations entre les deux pays restent “excellentes”.

Quant aux répercussions pour les opérateurs algériens, il estime que l’effet sera négatif mais relatif, entraînant une hausse des prix des produits algériens aux États-Unis. Cependant, des biens très compétitifs comme le pétrole, le ciment ou le fer ne devraient pas être significativement affectés à court terme.

L’expert évoque aussi la possibilité de trouver de nouveaux débouchés, notamment pour l’énergie, très demandée. Il suggère une meilleure stratégie marketing et une révision de l’accord de partenariat avec l’UE, tout en diversifiant les relations commerciales et en réduisant les coûts de production.

« La décision de Trump a provoqué un séisme dans les économies mondiales »

De son côté, l’expert économique Mourad Kouachi a déclaré que la décision du président américain Donald Trump a provoqué un séisme dans les économies mondiales, en particulier celles qui ont d’importantes relations commerciales avec les États-Unis.

Cependant, l’Algérie ne fait pas partie de ces pays, car ses échanges commerciaux ne dépassent pas 2,5 milliards de dollars d’exportations et près d’un milliard de dollars d’importations.

Il a souligné que la balance commerciale avec les États-Unis est positive pour l’Algérie, car les États-Unis ne représentent que 5,5% des exportations algériennes, qui se limitent aux produits pétroliers, au fer, au ciment et aux dattes. En revanche, l’Algérie importe des produits manufacturés, ce qui signifie que ces droits de douane ont un impact limité.

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Kouachi a insisté sur le fait que l’Algérie peut rechercher d’autres marchés, notamment en Afrique, pour des produits tels que le ciment et le fer. En revanche, il a affirmé que l’augmentation des droits de douane aurait un impact significatif sur l’économie mondiale, avec une récession économique aux États-Unis, où les prix connaîtraient une hausse notable.

L’économiste dénonce une contradiction avec les principes du libre-échange et de l’OMC, qualifiant les slogans du marché libre de « creux ». Selon lui, ces mesures déstabiliseront les marchés globaux, comme en témoigne la chute de 3,4 % de l’indice Standard & Poor’s et des pertes évaluées à 2 000 milliards de dollars dès la première séance boursière post-décision.