Nous avons assisté aujourd’hui, contrairement à la veille à de brillantissimes plaidoiries de la défense. Les avocats qui se sont succédé à la barre du tribunal criminel près la Cour de Blida dans l’affaire dite de la caisse principale de Khalifa Bank ont excellé en invoquant des points de droit, à commence par le défenseur d’Ighil Meziane.
Locution facile, maîtrisant son dossier, Me Toufik Belalaâ n’a pas mâché ses mots en entamant sa plaidoirie par des remontrances à l’encontre de la chambre d’accusation qui a, selon lui, sciemment effectué un sas sur des personnes qui devraient en principe se retrouver dans le box des accusés.
« Cette affaire ne devrait pas être limitée aux seuls prévenus présents ici qui sont des boucs émissaires pendant que les véritables responsables coulent de beaux jours et n’ont même pas été cités dans l’arrêt de renvoi. Certains, cités en tant que témoins sont coupables de mêmes faits que l’on a reproché à mon client, à l’image de Lakhdar Belloumi qui a pris 500 millions de centimes. Et c’est Ighil Meziane qu’on met sous les verrous.
«D’autres scandales vont éclater»
Le défenseur de l’ex-entraîneur du NAHD a déclaré que tous les moyens ont été mis à la disposition de Khalifa Bank pour qu’elle réussisse, le but étant de piller l’argent public ». Un contrat a été signé entre Abdelmoumène Khalifa au nom de la République algérienne et l’entreprise Word Wood pour promouvoir l’image de l’Algérie. Abdeloumène Khalifa a été reçu par l’actuel président de la République. Et aujourd’hui, on ose poursuivre Ighil parce qu’il a été conseiller sportif. L’avocat est interrompu par Antar Menouar qui lui demande de ne pas politiser l’affaire et de plaider la cause de son client pour les chefs d’inculpation qui lui ont été signifiés, sous peine d’interrompre sa plaidoirie. Me Ballalaâ proteste en précisant qu’il ne pouvait en aucune manière sortir les faits de leur contexte.
Tout en précisant que son client est innocent de tous les griefs et faisant fi des avertissements du juge, il lancera qu’il s’agit « d’un pillage organisé de l’argent public. Il ira jusqu’à dire que l’idée de la création de la banque privée n’est pas celle de Abdemoumène, mais de ceux qui voulaient s’accaparer les deniers publics. « D’autres affaires vont éclater et c’est le pouvoir en place qui en est responsable. »
L’avocat reviendra alors au fond du sujet. Il tentera de démontrer que les accusations proférées à l’encontre de son client ne sont pas fondées. « En fait, Ighil Méziane qui a tant donné pour le football algérien et pour ce pays est accusé d’avoir promu l’image de marque de Khalifa. « Ce n’est nullement un crime. » Pas plus que le fait qu’il n’ait pas un contrat de travail, en ce sens que la loi régissant les relations entre employés et employeurs dispose clairement que la relation de travail est établie soit par écrit soit verbalement. « Est-ce un crime ? En principe le perdant c’est Ighil puisque son patron ne le déclare pas à la sécurité sociale ».
Quant à l’accusation de vol qualifié, le défenseur du footballeur dira qu’il n’était pas employé de la banque. Par conséquent, il n’avait pas accès à l’argent. Le crédit qu’il avait contracté, il l’a remboursé au liquidateur qui lui a confisqué et sa villa et le terrain qu’il avait acquis. Quant au fait d’avoir accompagné les directeurs d’agences aux OPGI, cela n’avait rien de répréhensible. Il en profitait lorsque des matchs se déroulaient dans les wilayas. « Le procureur général lui avait demandé si son image n’avait pas été mise à profit pour amener les offices à déposer de l’argent ; il a peut-être raison. Cela veut dire que Khalifa s’est servi de lui ». Rappelons que le parquet avait requis une peine de quinze ans de prison alors qu’Ighil avait été condamné à quatre ans de prison qu’il a entièrement purgé.
« Le procureur n’a pas le droit de se désister de son pourvoi »
Du droit, rien que du droit. C’est sur cela que Me Deghouche Attef s’est appuyé pour défendre ses trois clients. Notamment Mir Omar dont il a précisé qu’il a fait l’objet de mise sous mandat de dépôt pour toutes les affaires liées aux filiales de Khalifa Bank. Dès lors, il comptabilise 11 ans de détention provisoire. Tout cela parce qu’il était directeur de l‘agence de Khalifa Bank de Chéraga où étaient situées également la caisse principale et la direction générale. D’où la confusion. Pour Chachoua Badreddine, l’avocat démontra l’ensemble des accusations en se basant sur les articles de lois. Et il fera exploser une bombe en disant que selon les articles 523 et 524 du code pénal, le parquet ne pouvait pas demander l’aggravation des peines à travers les questions subsidiaires alors qu’il n’avait pas interjeté appel dans la première affaire.
Me Deghouche, jettera aussi un pavé dans la mare en s’aidant de l’article 503 du code de procédure pénal, selon lequel le parquet ne pouvait se désister d’un pourvoi en cassation. « Il est là au nom du peuple lequel ne lui a pas donné mandat de retirer son appel mais de le représenter en appliquant la loi. Or, le ministère public s’est désisté au profit de Mir Ahmed, ex-inspecteur général de Khalifa Bank qui avait pris 5 milliards de centimes de la caisse principale. Il avait été condamné à deux ans de prison, mais avait retrouvé la liberté de ses mouvements au bout de sept mois à peine, « On ne sait par quel artifice. »
Faouzia Ababsa