Pouvant être une des réponses à la promotion du tourisme: La menace plane sur le patrimoine national

Pouvant être une des réponses à la promotion du tourisme: La menace plane sur le patrimoine national

A l’heure où le discours est à la diversification de l’économie nationale pour sortir le pays de la dépendance de la rente pétrolière, l’Algérie qui compte pas moins de 381 sites et monuments sont classés, recèle d’un nombre inestimable de monuments, sites archéologiques et historiques de renommée mondiale à même de donner une impulsion concrète au secteur du tourisme.

Etant incontestablement une richesse sociologique et culturelle qu’on se doit de préserver, ce patrimoine est aussi un potentiel économique avéré à entretenir et à valoriser. En effet, pour peu qu’ils soient sécurisés, entretenus et restaurés, ces monuments historiques et sites archéologiques témoins de la diversité, de la richesse et de la continuité de la culture nationale, au lieu de se faire saccagés et d’être juste inscrits dans les faits divers des journaux sous le regard impassible de la conscience collective, sont à coup sûr en mesure de drainer un nombre important de touristes aussi bien nationaux qu’étrangers.

Pourtant, en dépit de cet enjeu économique, les pilleurs et les effaceurs de l’identité nationale tracée à travers les différentes civilisations ayant marqué l’histoire de l’Algérie ne manquent pas de sévir soit par le pillage ou encore pire par la destruction de ce patrimoine séculaire. En témoigne l’incident qui a causé avant-hier la consternation des Khenchellis qui se sont réveillés trouvant la stèle de la reine amazighe Dihya «El Kahina» incendiée à Baghai, ou encore l’attentat à la dynamite le 22 avril 1997 contre la fontaine emblématique de Ain Fouara à Sétif qui a également fait l’objet l’année dernière d’une «agression théologique» commise par un imam local qui lors d’un prêche à l’occasion de la prière du vendredi a appelé à ce que «la dame de Sétif» soit retirée sous le prétexte saugrenu que la fontaine a été sculptée par un «infidèle»… Une situation plus que déplorante qui assurément cause un manque à gagner à l’économie nationale d’autant plus que le patrimoine national est protégé par un ensemble de dispositifs organisationnels et législatifs notamment la loi 98-04 du 15 juin prévoyant entre autres des «sanctions» à l’égard des contrevenants.

En outre, en l’absence d’associations civiles activant réellement et concrètement, les services de sécurité tous corps confondus semblent être les seuls concernés par cette protection. Faut-il rappeler dans ce sillage que dans un bilan récent la Gendarmerie nationale qui dispose d’une cellule de protection du patrimoine culturel en charge de la lutte contre les atteintes au patrimoine culturel national, donne un chiffre de plus de 350 personnes, dont une vingtaine d’étrangers, arrêtées pour tentative d’atteinte au patrimoine archéologique national entre 2005 et début 2016 ainsi que plus de 25 000 pièces archéologiques qui ont été récupérées durant la même période.

Ce qui vient démontrer l’ampleur du pillage de notre patrimoine national, legs d’un héritage millénaire. Mieux. Le phénomène dépasse nettement les frontières sachant que des pièces archéologiques de quelque nature qu’elles soient se retrouvent entre les mains de gangs et de réseaux organisés internationaux. Face à tel constat, l’urgence d’une application stricte voire d’un durcissement de la loi protégeant les biens historiques constituant la richesse de notre patrimoine s’impose. Il s’agit là d’un devoir et d’un droit pour les générations à venir.