C’est sur fond de psychose sanitaire et d’alerte à la pandémie que débute, aujourd’hui, la saison du hadj 2009. Les premiers contingents des 36 000 pèlerins algériens prennent dès ce matin leur vol pour l’Arabie Saoudite, après la cacophonie qui aura caractérisé les préparatifs de cette saison. Maintiendra, maintiendra pas, vaccinera, vaccinera pas, les autorités en charge de ce dossier auront brillé par leurs contradictions et le manque de cohérence de leurs décisions. Et par leurs approximations. La pandémie de grippe A ne fait d’ailleurs qu’embrouiller d’avantage une « activité » d’ores et déjà compliquée à la base, et ce, à maints égards.
Le ministère des Affaires religieuses et l’Office du hadj et de la omra avaient promis que toutes les mesures ont été prises pour faciliter les démarches. Pourtant, force est de constater que la bureaucratie n’a pas épargné les pèlerins qui, pour plus de 70% d’entre eux, ont dépassé les 65 ans. Ces derniers ont d’ailleurs dû suivre le parcours du combattant. La suppression du passeport hadj, la multiplication des documents à fournir, les heures de file d’attente à effectuer devant les administrations bondées et les guichets débordés, les réservations de billetterie et d’hôtellerie, ou encore la fourberie de certaines agences de voyages et leur mercantilisme.
Pourtant, un guichet unique ou une plus grande réglementation des tour-opérateurs solutionneraient bien ces problèmes. Mesures qui ont été annoncées à maintes reprises par le gouvernement, mais qui tardent à être appliquées. Mais pas seulement. Un ministère de la Santé qui conseille aux Algériens de limiter leurs déplacements à l’étranger, tout en assurant que les pèlerins ne s’exposent à aucun risque en effectuant le hadj.
De plus, il a été annoncé que l’ensemble des pèlerins serait vacciné contre la grippe A, à la fin octobre, soit quelques jours avant leur embarquement. La réception des vaccins devait être, selon le ministère, effectuée début octobre, à la mi-octobre et à la fin octobre. Pourtant, aujourd’hui, nulle trace d’un quelconque vaccin. Même celui qui doit prémunir les pèlerins de la grippe saisonnière connaît des tensions, étant même parfois introuvable.
Pourtant, le ministère des Affaires religieuses a affirmé que seules les personnes inoculées auront l’autorisation de départ. Les 36 000 futurs hadjis ont-ils tous été vaccinés ? Les autorités, d’habitude si promptes à dresser des bilans et à fournir des statistiques afin d’étayer leurs actions, ont étrangement gardé le silence quant à ces campagnes. L’entêtement des autorités à maintenir le pèlerinage, et ce, en dépit non pas seulement du bon sens, va aussi à l’encontre des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ou encore des avis formulés çà et là par des responsables sanitaires ou autres.
Le président du conseil de l’Ordre des médecins, le professeur Bekkat Berkani, avait même jugé ce maintien et le refus de restreindre l’âge des pèlerins comme un suicide collectif, ces derniers représentant une réelle menace pour leur entourage une fois de retour en Algérie. Certes, les délégations seront entourées de « tous les soins » possibles, à savoir d’un accompagnement médical plus important, de masques de protection et d’anti-viraux. Cela sera-t-il suffisant ? Car les risques que fait peser la propagation du virus de la grippe A (H1N1) dans les Lieux Saints de l’Islam sont plus que réels. L’Arabie Saoudite est un foyer infectieux et pas des moindres. 56 décès liés à la maladie ont été enregistrés, et plus de 4000 cas confirmés.
Par Ghania Lassal