Premières réactions : La prolongation de Bensalah rejetée

Premières réactions : La prolongation de Bensalah rejetée

Si l’annulation de l’élection présidentielle du 4 juillet était une évidence bien avant son annonce officielle, en revanche, la volonté de prolonger le mandat du chef de l’Etat en cherchant des subterfuges constitutionnels suscite l’inquiétude.
Pour défendre cette option, le Conseil constitutionnel est allé chercher non pas un article de la Constitution qui limite clairement le mandat de Bensalah à 90 jours, mais une phrase perdue dans le préambule de la loi fondamentale, en l’occurrence « la Constitution est au-dessus de tous », pour vendre un tel choix.
Mais cette prolongation est rejetée par plusieurs acteurs politiques et de la société civile. Le FFS a dénoncé la tentation du pouvoir de gagner plus de temps en projetant de prolonger l’exercice de Bensalah qu’il considère comme « illégitime et impopulaire ». « Cette énième parade désespérée ne fera que renforcer notre engagement et celui du peuple algérien à entretenir cette formidable révolution afin d’imposer la véritable issue à ce marasme politique qui passera inévitablement par l’amorce d’une transition démocratique», soutient le FFS dans un communiqué.
Le parti estime que l’annulation de l’élection est un autre acquis de la révolution populaire, tout en mettant en garde contre « le danger et l’impossibilité d’imposer un autre coup de force électoral à un peuple résolu à parachever sa révolution et la faire aboutir à une transition démocratique, prélude à l’avènement de la deuxième République ». Djamel Zenati soutient qu’«en prolongeant l’intérim de Bensalah, le Conseil constitutionnel outrepasse ses missions de juge de droit. On est hors légalité ». Pour sa part, le président de RAJ, Abdelouahab Fersaoui, affirme que l’annulation de l’élection est une victoire importante mais elle n’est pas définitive.
« Le pouvoir va malheureusement continuer à imposer sa feuille de route avec un autre probable report de ces élections avec les mêmes mécanismes et symboles de ce système rejetés par le peuple bien que la Constitution algérienne n’ait pas prévu cette situation inédite en Algérie », a-t-il regretté.
Pour lui, le pouvoir doit se rendre compte que l’élection présidentielle n’est pas une fin en soi et ne constitue pas une solution à la crise politique que vit le pays, étant donné que la période de transition démocratique est inéluctable.
Le vice-président de la LADDH, Saïd Salhi, soutient, de son côté, que le report des élections en gardant le même personnel et le même édifice institutionnel et constitutionnel c’est le report de la solution, donc le prolongement de la crise.
L’annulation de l’élection est, à ses yeux, « une autre victoire qui s’ajoute au mouvement populaire, un aveu d’échec de la solution constitutionnelle, à présent il faudra se remettre à l’évidence du vide constitutionnel qui devra céder la place à la solution politique et une transition démocratique apaisée et concertée ».
Karim A.