L’évolution des maladies mentales est intimement liée à la décennie noire et aux nuisances quotidiennes qui en constituent les principaux facteurs.
Plus de 900 000 personnes sont passées, l’année dernière, en consultation chez un spécialiste de la santé mentale, un psychiatre ou un psychologue pour un quelconque trouble psychique lié au bien-être ou à l’équilibre psychique. Plus d’un million d’Algériens souffrent de pathologies “modernes” liées à l’environnement psychique, telles que la schizophrénie, la dépression ou encore les addictions. Cette statistique est obtenue sur la base de ratio de calcul fixé par l’OMS qui est de 2,5% de la population générale touchée par des troubles psychologiques ou psychiques, en marge de la réunion d’évaluation d’étape du Plan national de la promotion de la santé mentale, 2017-2020 organisée hier. Pour la prise en charge de cette population, l’Algérie ne compte aujourd’hui que 900 psychiatres, 2 000 psychologues et 40 pédopsychiatres. “Nous avons besoin de plus spécialistes en la matière pour encadrer une population de plus de 40 millions d’habitants”, soutiennent des participants. La première journée de la réunion a été marquée par l’évaluation des actions menées devant permettre la mise en œuvre effective du Plan national de promotion de la santé mentale 2017-2020. Il est question d’un outil de travail qui devra permettre à l’administration de mieux s’organiser pour répondre aux besoins de santé mentale, qui sont très nombreux, divers et multisectoriels. Ce plan composé de 200 mesures a été élaboré pour voir la santé mentale autrement, en introduisant des concepts nouveaux autres que la psychiatrie ou les troubles mentaux. Une sorte de feuille de route qui s’assigne comme objectif d’investir le préventif et le bien-être mental. “Il est question de prévenir tous les facteurs de malaise de l’individu pour que les gens ne subissent pas au quotidien les affres de la circulation. En un mot pour améliorer le bien-être des personnes. En fait, nous avons besoin d’un environnement avec moins de nuisance de tous genres, avec une réduction de la toxicomanie, une réduction de la violence, pour que l’environnement soit agréable. Dans le même cadre, il ne faut pas perdre de vue qu’il y a un travail qui est en train de se faire pour l’enfance”, expliquera le Dr Chakali, directeur de la santé mentale au ministère de la Santé. Les participants ont d’abord fait le point sur ce qui a été fait avant et après l’élaboration du Plan 2017-2020. Il a été question ainsi du renforcement de la protection des personnes atteintes de troubles mentaux et de l’amélioration des conditions de travail des professionnels de la santé mentale. Ces derniers auront dans les années à venir du pain sur la planche en raison des événements des années 1990 et des profondes mutations socioéconomiques qu’a connues le pays. En fait, les mutations intervenues dans le pays vont laisser certainement, de l’avis des participants, des séquelles psychiques parmi la population. Les activités liées à la promotion de la santé mentale pour les adolescents dans la cadre de la lutte contre les addictions constituent un axe fondamental dans le plan en question. Les promoteurs du Plan 2017-2020 ont consacré un chapitre à la lutte contre la discrimination et la stigmatisation des personnes atteintes de troubles mentaux. Dans l’intervention inaugurale, le ministre de la Santé a rappelé qu’en plus des activités de prévention prévues dans le plan, il reste encore d’autres défis à relever, entre autres la facilité d’accès à la santé mentale, notamment dans les régions qui ne bénéficient pas de couverture en soins psychiatriques.
Hanafi H.