Présentation de la générale de el Haicha au TNA : La haine et la violence mises à mal

Présentation de la générale de el Haicha au TNA : La haine et la violence mises à mal

Usant de la métaphore, la pièce est basée sur l’arabe dialectal du terroir ce qui favorise le rapprochement avec le public qui a adhéré complètement à cette intrigue finissant par applaudir chaleureusement.

Le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi a abrité jeudi dernier une pièce de théâtre qui a beaucoup plu au public qui l’a accueillie nombreux, de façon positive. Il s’agit de El Haïcha, une satire sociale transposée de l’oeuvre d’Eugène Ionesco qui a pour thématique «la bêtise humaine». Brillamment mise en scène par Mohamed Cherchel, cette pièce est une adaptation de l’oeuvre Rhinocéros du dramaturge et écrivain Eugène Ionesco. Si dans l’oeuvre originale l’auteur dénonçait les régimes totalitaires, le nazisme surtout, El Haïcha fait le procès de l’idiotie, dénonce la «bestialité» et appelle à ériger la sagesse et le raisonnement en ligne de conduite. La pièce allie la comédie au tragique en mettant en scène Bachir qui a choisi l’isolement dans une société devenue insupportable.



Licencié en droit, le personnage de Bachir est incarné avec succès par le comédien Tarek Bouarara qui, souvent sage et «ivre», parfois drôle, a refusé d’appartenir à une société atteinte d’«animalerie» qui a gagné toute une ville. Tout commence par les échos et les cris de ces bêtes venant de hors-scène faisant entendre l’existence d’animaux qui envahissent la ville, lorsque la ménagère (rôle incarné par Adila Soualem) fait son entrée sur scène avec son chaton écrasé. Furieuse, la jeune mondaine Demoiselle comme elle se plait à s’appeler, se plaint et dénonce la présence d’une «Haïcha» dans la ville. Des bêtes commencent à envahir la ville. Les habitants sont contaminés par cette rage qui les transforme en animaux à leur tour, sauf Bachir qui résiste de toutes ses forces. Il tente de convaincre les autres qu’ils sont des êtres humains avant tout sans succès… Usant de la métaphore, la pièce est basée sur l arabe dialectal du terroir ce qui favorise le rapprochement avec le public qui a adhéré complètement à cette intrigue finissant par applaudir chaleureusement. Côté cour, la scène était bien riche en décors. Une épicerie, une cafétéria, deux tables, des chaises, un lampadaire éteint constituaient le décor du premier acte de ce spectacle pour, ensuite, laisser place dans l’acte suivant à un endroit qui fait office de cabaret. Dans le troisième acte de cette pièce, le décor est réduit à une pièce (chambre de Bachir), équipée d’un lit à l’allure d’hôpital. La décadence et l’écroulement de la ville étaient parfaitement illustrés et représentés à travers la dévastation et le rétrécissement de l’espace scénique réduit à une pièce aux portes et fenêtres fermées. La notion espace-temps était également présente et soigneusement illustrée à travers l’alternance du jour et de la nuit par la lumière (lampa-daire), le déplacement par le changement des décors illustrés par les escaliers, fenêtres et lit. Plusieurs artistes et figures du théâtre et du cinéma ont assisté à la générale de cette pièce nouvellement produite par le TNA dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». La pièce sera en compétition à la 10ème édition du Festival national du théâtre professionnel (Fntp) prévu fin mai.