Présenté comme la conséquence d’ne défaillance des institutions, Le “communautaire” empiète sur les fonctions de l’État

Présenté comme la conséquence d’ne défaillance des institutions,  Le “communautaire” empiète sur les fonctions de l’État

En Algérie, comme dans d’autres recoins de la planète, la question communautaire occupe de plus en plus le devant de la scène. Au nom de “revendications d’appartenance et d’allégeance communautaires”, à l’échelle nationale et au niveau international, on assiste à l’émergence de la violence et de troubles ou à la remise en cause de la notion du vivre-ensemble.

C’est précisément cette problématique qu’a choisie de traiter la revue d’études et de critique sociale, Naqd, dans son 32e numéro. Sous le titre “Communauté, communautaire, communautarisme”, ce numéro vient, en fait, compléter les questions étudiées dans le numéro précédent, consacrées aux “turbulences” dans le monde arabe et à “la nouvelle donne géostratégique” au Maghreb/Machrek/Sahara/Sahel. D’ailleurs, les responsables de Naqd précisent que “la revue, soucieuse d’être en prise avec les événements qui agitent nos sociétés, a choisi d’interroger la question de la communauté, de sa définition, de ses formes d’expression, ainsi que de ses dérives”.

Le décor est planté, à travers le retour des “vieux démons” via la solidarité communautaire, vite convertie en “un slogan de lutte et une idéologie de combat”. Évidemment, la manipulation ou l’instrumentalisation des “pulsions” n’est pas étrangère à l’expression de ces “particularismes ethno-religieux” et des “crispations identitaires et communautaires”. Cela explique l’intérêt de Naqd pour l’“ensemble identitaire et d’appartenance”, pour la définition de “la communauté”, mais surtout pour la connaissance de “la différence entre ces diverses manières d’être ensemble, de faire groupe, et les multiples utilisations qui peuvent en être faites”. Les analyses proposées examinent le cas de l’Europe qui, après la chute de l’URSS, a été exposée à une “fièvre nationaliste” résultant d’une instrumentalisation politique. “L’expression d’identités chauvines et fermées sur elles-mêmes, portées par des partis plus populistes que populaires, s’affirme de plus en plus avec des idéologies et des objectifs ouvertement xénophobes, aux conséquences le plus souvent tragiques. Des mouvements se revendiquant comme nationaux ou nationalitaires, s’affirment par l’intermédiaire d’idéologies xénophobes”, est-il constaté. Quant à l’Algérie, mais aussi à l’ensemble des “pays du Sud global”, il leur est impossible d’échapper à cette réalité, encore moins aux dérapages qu’elle suscite. Les exemples ne manquent pas d’ailleurs sur ce chapitre ; il n’y a qu’à revisiter les graves événements du M’zab, ceux ayant éclaté en Tunisie ou en Libye, mais également ceux ayant explosé au Proche et Moyen-Orient, en Asie du Sud, pour se rendre compte de la menace des troubles observés comme des conflits entre communautés, qui ont dégénéré en “affrontements violents”, faisant de nombreuses victimes parmi les populations et les forces de l’ordre. L’ouvrage sur “Communauté, communautaire, communautarisme” ne s’arrête pas là, puisqu’il aborde la question de l’État et de ses “fonctions de représentation et de régulation

sociales”, et se saisit, en outre, du “pôle identificatoire”, parce que “souvent, le communautaire s’inscrit dans la défaillance du politique”. D’où, l’annonce de l’importance d’une des “questions centrales de l’analyse de l’État dans la philosophie politique moderne”, à savoir celle “des identités collectives, de leur ordre, de leur hiérarchie et de leur subordination”.

H.A.