Prise en charge tardive du cancer du poumon: Les pneumologues tirent la sonnette d’alarme

Prise en charge tardive du cancer du poumon: Les pneumologues tirent la sonnette d’alarme

Les délais tardifs de pose du diagnostic en Algérie aggravent l’état du cancéreux et compromettent l’effet de la thérapie prescrite, y compris les plus innovantes.

Au-delà de la situation épidémiologique qui renseigne sur les impacts du cancer bronchopulmonaire (CBP) en Algérie, de gros efforts doivent être encore déployés pour améliorer le dépistage. L’examen radiologique et cytologique du CBP reste la clé indispensable pour l’aboutissement de toute stratégie thérapeutique. La problématique des délais pour la pose du diagnostic de cette infection foudroyante, dont les symptômes ne sont pas visibles aux tous premiers mois de l’infection, semble sérieusement inquiéter et les pneumologues et les oncologues.

C’est le Pr Taghit-Mahi Samia, chef de service de pneumologie au CHU de Mustapha-Pacha, qui a planté le décor, en intervenant, hier, sur les causes et les retombées fatales de dépistage tardif du carcinome pulmonaire, à l’occasion d’une journée d’information tenue à l’hôtel El-Aurassi. Organisée par l’association Nour-Doha, la rencontre d’hier a été mise à profit pour analyser les facteurs sursoyant le diagnostic. Dans son exposé, présenté dans un langage simple et alerte à la fois, la pneumologue a relevé que les délais de diagnostics de ce cancer sont vraiment longs, ce qui réduit le taux de survie des personnes atteintes, même si elles répondent bien durant les premiers temps au traitement anticancéreux.

Sans détours, elle avouera que le parcours du souffrant du CBP est malheureusement semé d’embûches. Pour elle, la responsabilité de cette situation désolante, mais évitable, incombe aussi bien au malade qu’au médecin qui tarde à diagnostiquer ce mal bronchique qui se propage d’une manière fulgurante dans le reste des parties du corps en donnant des métastases.

Autrement dit, la majorité des souffrants de cette pathologie arrive à l’hôpital, au stade final, et le traitement préconisé n’aura ainsi aucun effet. Malgré les signes cliniques d’appel les plus fréquents qui sont la toux ou le crachat de sang ou encore la perte de poids, le sujet malade reste impavide à ce mal ravageur. Cependant, le médecin traîne, pour sa part, pour diagnostiquer la cellule tumorale au niveau du thorax. La qualité des examens complémentaires (imagerie et anatomie pathologique liés au diagnostic) a été pointée du doigt par la conférencière. “La formation du praticien est pour quelque chose dans l’errance du souffrant”, nuancera-t-elle. “Nous devrons, à cet effet, redoubler d’efforts pour capter la pathologie dans les meilleurs délais, ce qui va augmenter le taux de survie.” Pour étayer son argumentaire, elle indiquera que les délais tardifs de prise en charge de diagnostic en Algérie aggravent l’état du cancéreux et compromettent même la thérapie prescrite même la plus innovante.

Les délais de consultation dépassent les 93,5 jours en Algérie, sans compter la longue période des examens complémentaires nécessaires. Alors qu’ailleurs dans les pays avancés, la période de confirmation du diagnostic ne dépasse pas en moyenne les 9 semaines, soit entre la première imagerie pathologique et le premier traitement. Après ce long exposé, le Pr Taghit-Mahi insistera sur la prévention du cancer bronchopulmonaire. Elle lancera, à cet effet, un appel pour “dénormaliser” le tabagisme au sein de la société. Des actions de sensibilisation devront être, dira-t-elle, menées pour casser l’image positive du fumeur. Dans le même registre, le Dr Bourekoua abordera les facteurs de risque du cancer bronchopulmonaire, en rappelant qu’en dehors du tabac, d’autres causes sont à l’origine de cette maladie : “L’exposition professionnelle et environnementale.” Les effets de la fumée de la chicha ou du cannabis sont aussi néfastes que cette de la cigarette. “La chicha est plus nocive que la cigarette”, alerterale  le Dr Bourekoua.

Hanafi H.